Les Lycans... Michael les avait rencontré il y a fort longtemps. Les légendes mythiques, même celles de son peuple humain auquel il appartenait parlait déjà d'hommes loups à l'époque. Il n'avait jamais cru ses légendes, jusqu'à se qu'un jour, une fièvre l'emporte après qu'il eut accompli un massacre et qu'ils deviennent à son tour un monstre de mythes et de légendes. Dès lors, il considérait que tout en se monde était possible. C'est donc dans une forêt reculée de l'actuelle Allemagne qu'il avait entendu parler d'une meute d'hommes loups. Ça l'avait intrigué et comme il était le seigneur des terres attaquées, il ne comptait pas laisser des bêtes s'en prendre à des villageois. Avec quelques vampires, il avaient traqué les dites créatures. Particulièrement forte et puissante, bestiale, elles avaient quand même l'intelligence des hommes. Plus intriguant encore était le fait que quand elle poussait leur dernier souffle, ils prenaient une forme humain. Michael avait tôt fait de les chasser et de les exterminer. Au cours de son existence, il avait souvent affronté d'autres bêtes, des meutes entières même. Les Loups-Garous sont un excellent moyen de ralliement pour les vampires, qui en ont une peur instinctive et la haine des loups-garous envers les suceurs de sang les poussent toujours au conflit. Pour Michael, l'affrontement entre vampires et loup-garous est digne de l'affrontement entre la civilisation et la barbarie. D'ailleurs, Michael faisait parfois remarquer qu'il était bien placé pour comprendre les loups-garous puisqu'après tout, il était lui-même un "barbare". D'ailleurs, il était parfois arrivé à bien s'entendre avec quelques uns de ses loulous. Les solitaires et les rejetés n'ont pas autant principe que les loups de meute, et encore, dans les meutes, il y en a toujours qui n'y trouve pas leur compte.

En arrivant à Chicago, il n'avait pas fallu bien longtemps à Michael pour entendre parler des Lycans qui rôdaient autour de la ville et qui s'en prenaient parfois à des humains ou à des vampires. D'ailleurs, ceux-ci en parlaient avec crainte, se qui amusait bien Michael. Fut un temps où les vampires se seraient regroupés et les auraient traqué sans relâche. Comme on dit, les temps changent... Il était donc curieux de voir de quel poids ses nouveaux Lycans étaient fait. Encore aujourd'hui, ce n'est pas Michael qui reculerait devant une occasion de se mesurer. Humain, il avait vécu de la guerre, vampire, il avait souvent imposé l'ordre et le respect par la force. Décidé à y aller seul, ne faisant part à personne de ses projets, Michael portait un grand manteau noir qui laissait entrevoir une chemise blanche et des pantalons d'une couleur noirâtre. Le manteau était plutôt ample et flottait au vent, puisqu'il le laissait détaché. Il se promenait donc dans les bois, pendant que le loup n'y est pas. Bientôt, il se sentit suivi. Tant mieux, c'est bien se qu'il voulait. Immobile, il se concentrait sur son environnement, ses oreilles à l'affut de tout bruit. Il se donnait une voix hésitante alors, mais ses yeux étaient aguerris. Le lycan près de lui devait croire avoir affaire à un vampire comme les autres, un petit jeune de Chicago. Et s'il savait.

-Je sais que vous êtes là! Mon-montrez-vous, qui que vous soyez!

Au milieu d'une clairière, la lune dominant le ciel étoilé fournissant la principale lumière, Michael attendait que l'adversaire qu'il était venu chercher se manifeste. Il s'était jeté dans la gueule du loup, c'était la moindre des choses qu'on se manifeste. Il eut alors droit à toute une surprise, puisque c'est une jeune femme, du moins en apparence, qui se manifesta et franchement, elle était jolie en plus. N'est-ce pas magnifique? Il eut un sourire en coin, fixant la personne de ses yeux bleus-verts surnaturels et perçants.

-Ah, enfin, c'est pas trop tôt! Je commençais à me demander si la forêt de Chicago cache des Lycans ou bien si les Lycans se cachent dans la forêt de Chicago. Et dis donc, je m'attendais à une sorte de monstre, mais finalement, tu es plutôt jolie.

Il ne sous-estimait pas celle devant lui. D'abord, peut-être qu'elle va le prendre pour un clown et ne pas vouloir le combat. Sauf que ses Lycans ont tous le sang chaud et un rien arrive à les mettre hors d'eux, il suffit de choisir les bons mots. Pour le reste, il ne voulait pas déployer toute sa force et encore moins tuer la Lycan. Ça provoquerait une guère et la solidarité ne semble pas être la force des vampires du coin. Non, il voulait juste se mesurer et voir si les Lycans de Chicago sont aussi dangereux qu'on le prétend.

Michael ne craignait pas grand chose. Pas après plus de deux milles ans d'existence. D'ailleurs, certains vampires sont peut-être de sa descendance sans même le savoir. Aujourd'hui, on croit le prince Micahël, de la principauté de Copenhague mort, et au jour, le monde saura que comme bien des héros et des martyres dans l'Histoire, il renaîtra d'entre les morts, revenus plus fort que jamais. En attendant, il y avait cette lycan. Créature fière et noble que Michael respecte, mais n'aime pas tout particulièrement. Cependant, il fallait reconnaître qu'avec le temps, même eux, c'était peut-être adoucis et avaient peut-être un peu plus perdu de cette bestialité qui les caractérisaient tant. Dommage dans un sens. D'ailleurs, fut une époque où le Lycan se serait rué sur lui en forme de loup et ça aurait été le combat du beau contre la bête. La Lycan en face de lui était plutôt sous forme humaine, calme, mais méfiante, se qui est bien normal quand même. Croisant les bras, il n'avait pas l'intention de la lâcher et de simplement passer son chemin. D'ailleurs, c'est se qu'elle lui demandait, lui reprochant son insolence. Il voulait lui faire voir le mépris autant dans son regard, que dans son ton et ses paroles. Se décroisant les bras, il commença à marcher vers la gauche, décrivant le début de se qui sera sûrement un cercle, fixant Ambre, et lui parlant:

-Bah voyons, ne viens pas me dire que la forêt t'appartient ma loulou et je t'annonce que tu te trouves sur mon chemin maintenant. Alors maintenant, toute la question est de savoir si tu vas tourner les talons, ou tes pattes... et t'en aller, ou bien si tu vas m'indiquer la sortie.

Il se pencha un instant et ramassa une petite roche, un caillou qui traînait sur le sol. Il l'envoyait doucement dans les airs et fixait l'objet en question, le rattrapant toujours, comme quelqu'un qui s'amuse un peu avec une balle en quelque sorte. Alors qu'il s'adonnait à se passe-temps banal, il continua de parler. Les jeunes vampires parlent toujours beaucoup trop, ça toujours été son avis sur la question. Alors puisqu'il se fait passer pour jeune, autant en profiter. D'un autre côté, il savait que pour lui, le combat probable et à venir l'amuserait et croyez-le, dans deux milles ans d'existence, il vous faut bien quelques hobbies, autrement, l'existence est sacrément longue.

-Je préfère t'avertir par contre, je n'ai pas l'intention de me laisser reconduire.

Il eut un sourire, posant son regard sur Ambre et lança la roche vers elle, avec une force vers elle. C'était peut-être une métaphore pour lui dire: "la balle est dans ton camp maintenant" ou bien geste qui ne signifie rien de particulier. Comme on dit, ça fait parti du personnage. En tout cas, Michael n'avait pas vraiment sur les gardes, seul son regard montrait qu'il avait toute son attention posée sur elle. Il doutait d'être déjà un visage connu à Chicago, même s'il a un visage qu'on n'oublie pas facilement, et de toute façon.

-Alors, quel est le verdict? Est-ce que tu seras la honte ou la fierté de ta race jeune et jolie Lycan?

Si après ça elle choisit de lui tourner le dos et de s'en aller, elle aura fait son choix et Michael ne pourra qu'en rire. Il en conclurait qu'en somme, les lycans de Chicago ne sont pas du tout dangereux et on vraiment perdu du mordant de leurs ancêtres. Cependant, quelque chose lui dit que sans nécessairement réagir d'emblée à se qu'il vient de dire, elle ne voudra quand même juste lui tourner le dos et s'en aller, se qui serait un aveu de faiblesse évident. Elle préféra sans doute lui faire face, mais cherchera encore à l'analyser un peu, pour comprendre qui peut bien être se vampire prétentieux venu seul dans une forêt reconnu pour abriter des loups-garous. De son côté, il continuera à jouer le jeu du jeune prétentieux trop sûr de lui. C'est d'ailleurs pourquoi il gardait caché, capacité acquise au fil des siècles, sa véritable force, véritable puissance. Chez certaines créatures trop âgées, elles sont moins bernés, mais il doutait d'avoir affaire à un lycan de plus de cinq siècles en se moment. Elle n'en avait pas les caractéristiques usuelles.

Michael faisait certainement son vampire sarcastique, prétentieux et imbu de lui-même. Le but ici n'était pas de se rendre sympathique aux yeux de la Lycan. Autrement, peu de chose qu'il en vienne à un combat. Dans d'autres circonstances, il aurait bien pu se montrer courtois. En tout cas, il voyait diverses émotions passer par les yeux de Ambre. La tension montait sans cesse et elle devenait de plus en plus palpable. Un peu comme dans un de ses vieux western où les deux duellistes se font face et savent pertinemment que tôt ou tard, ils vont dégainer et se tirer dessus. Tout n'était alors plus qu'une question: quand?

Elle parut amusée à une de ses remarques et pour être honnête, lui-même se trouvait drôle dans se rôle et en tant que seigneur vampire, s'il avait eu pareil vampire devant lui, il l'aurait catapulté vers la lune. S'il y a bien quelque chose qu'il a appris avec toutes ses années, c'est bien à incarner différent rôle, à faire croire aussi. Difficile de survivre autrement, autant être honnête. Ceux qui croit survivre en étant intègre et en ne mentant jamais, en ne faisant jamais de concession sont voués à vivre bien jeunes. Michael fonctionne encore selon un certain code d'honneur, code de conduite un brin particulier qu'il ne saurait décrire, mais dont il connait les préceptes comme un aspect de sa conscience. Par exemple, il savait qu'il ne tuerait pas la Lycan, ni ne déploierait toute sa force dans un combat qu'il provoquait. Bien sûr, il y avait des questions d'ordre politique là-dedans, mais aussi, il n'était pas là pour faire un massacre et faire parler de lui.

Elle admit que les bois était à elle. Elle aurait dû dire "à eux", ça aurait été la moindre des choses. Sourire en coin, le regard vivace, il poursuivit sa mise en scène, lançant une roche à Ambre, qu'elle attrapa sans mal. Au moins, elle était allumée et pas juste bavarde. À vrai dire, il la trouvait presque sympathique, de par son calme et sa patience. Elle n'était pas une jeune effrontée non plus et il savait qu'il faisait face à une lycan d'une certaine expérience. Il lui donnait au moins un siècle, peut-être deux. Il avait hâte au duel, comme un guerrier appréciant davantage son adversaire de par sa force.

-Je ne dirais pas "toi" particulièrement, mais plutôt ceux de ta race. Vous me puez au nez.

Une petite touche de plus à une œuvre d'art d'insultes. Il la sentait furieuse, galvaniser par la colère et il s'en délectait de satisfaction. Il n'en espérait pas moins. Maintenant, elle n'aurait plus bien bien d'autres choix que de l'attaquer. Elle l'accusait maintenant d'être agressif et les remarques racistes fusaient de part et d'autres.

-Admets qu'on est quand même plus subtiles que les bêtes que vous êtes.

Il conclut donc sur quelques autres paroles et il sentit qu'il tenait sa bête. Ils allaient maintenant passer aux choses sérieuses. Il devait quand même jouer de prudence. Vampire millénaire ou pas, un coup de patte est un coup de patte et les mâchoires d'un lycan peuvent toujours arracher une tête en moins de deux. En la voyant se transformer, il eut donc un mouvement de recul et feint d'hésitation. Ainsi, elle pouvait se transformer à volonté. Jetant un œil au ciel, il vit que la lune n'était pas pleine en plus. Fascinant! C'était une aptitude rare chez les Lycans d'il y a plusieurs siècles. Il est vrai cependant qu'il n'est pas non plus un spécialiste de la question.

Il fixait le loup du regard. La bête s'élança vers lui en moins de deux. Michael se pencha au départ pour ramasser une autre roche et bondit par-dessus la tête, atterrissant non loin derrière elle, donnant une légère tape sur les fesses du loup alors qu'il virevoltait au-dessus de lui. Atterri derrière, il lança une roche à la tête de la créature. Michael déploya alors ses crocs. Il n'allait quand même pas trop se ménager et ça serait plutôt suspect, si, même sous sa forme strictement humaine, il était capable de la contenir. Les yeux brillants, il restait à la défensive. Comme un combattant qui analyse son adversaire, il était convaincu de ne pas encore tout vu de la force de la Lycan, même si elle avait fait preuve de rapidité en bondissant vers lui. Ses intentions étaient surtout d'esquiver, bloquer les coups et de compléter ses manœuvres avec de légers coups qui ne viseraient qu'à l'énerver un peu plus.

Un vampire ne trouvait d'équivalent dans sa vivacité que dans la force du lycan. Ses créatures étaient d'une force dépassant celle de vampires d'un âge équivalent. Même Michael, vampire millénaire de son état faisait preuve de prudence quand même et s'il affichait un côté sûr de lui et confiant en se moment, il n'en était pas moins prudent pour autant. Ce n'est pas lui qui se lancerait dans la gueule du loup simplement pour tester son endurance. Aucun doute que ses dents le déchiquetteraient en moins de deux. Au moins maintenant, il avait se qu'il voulait, c'est à dire un combat contre la bête. Le fait qu'elle se soit transformée d'emblée montrait bien l'efficacité de ses insultes dans un sens. Autrement, elle aurait gardé forme humaine. Maintenant, Michael se trouvait face à une bête qui le dépassait de par ses dimensions. Ça ne serait pas la première fois que David faisait face à Goliath.

De l'extérieur, le combat avait certainement un caractère épique. Un jeune mesurant un peu plus de six pieds, à l'allure athlétique sans être monsieur muscle non plus, qui, dans la clairière d'une forêt, faisait face à une créature qui devait avoir quatre fois son poids et deux fois sa grandeur et on ne parle même pas des autres dimensions qui restent. Pourtant, il se plut à virevolter au-dessus du loup et à lui lancer une autre roche. On se doute bien que ce n'est pas ça qui va mettre la créature k.o. et ce n'est pas se que Michael visait non plus. Il était comme le toréador qui nargue le taureau pour le pousser à commettre l'erreur qui finira par lui être fatale. Bien dommage qu'il n'y ait personne pour applaudir.

La bête reçu la pierre sur la tête et eut le réflexe de baisser. Elle avait donc une bonne vision périphérique. Bien droit, toujours sur ses gardes, le vampire faisait toujours face à la bête qu'il avait sous les yeux. Maintenant, elle le prendrait encore plus au sérieux vu ses manœuvres. Michael a connu des temps et des époques où pour se faire respecter et survivre, il fallait se battre. Lui-même a eu une enfance humaine de guerrier. Quand il voit aujourd'hui dans quel confort les enfants grandissent, il ne se surprend pas de la faiblesse des hommes.

En moins de deux, la bête s'élança de nouveau vers lui. Michael s'attendait à tout et alors qu'il se préparait à esquiver l'attaque frontale, il vit la créature bondir d'un côté, puis d'un autre pour enfin s'élancer vers lui. Légèrement surpris par la manœuvre, il fit une pirouette de côté, esquivant de peu une des pattes griffées de la créature, qui parvint quand même à déchirer une partie de son manteau et à lacérer la peau du bras du vampire, qui en contre-attaque, frappe le côté du museau de la bête d'un coup de poing retenu, mais qui porta quand même. Cela ne lui donna sans doute pas l'envie de tout de suite tourner sa gueule pour le mordre et lui permit alors d'utiliser sa vitesse pour gravir un arbre. Saisissant une branche de bonne dimension au-dessus de lui, il l'arracha à deux mains, puis la lança comme s'il s'agissait d'un javelot en direction de la bête. Non moins satisfait de se geste, il ne voulait pas laisser de repos à son adversaire et prit une autre branche, qu'il tenait à deux mains et s'élança en poussant un grognement vampirique vers le loup, bien décider à tenter de lui assener un coup de branche en pleine gueule.

Si Michael voulait être capable, à temps soit peu, d'infliger des coups au loup sans lui même se faire broyer, il devait trouver un moyen de réduire sa mobilité et de le blesser. Cette stratégie avait déjà maintes fois prouver son efficacité. Si on dit qu'il faut frapper aux points faibles d'un adversaire, quel qu'il soit, il faut aussi savoir affaiblir se qui fait sa force. Michael savait qu'avec la force limitée qu'il se donnait maintenant, il n'avait pas une chance contre la bête, mais en usant de ruse et d'expérience, il pouvait peut-être arriver à ramener le combat à un niveau d'égalité. Envoyant une branche pointu vers son adversaire du moment, il eut un sourire en coin en voyant qu'il l'avait presque atteinte. Ainsi, la bête avait fait une erreur. Comme disait Périclès, il faut davantage craindre ses propres erreurs que les bons coups de l'adversaire. La créature gémit, peut-être plus de frustration que de douleur. D'ici, Michael pouvait même sentir la peur et le doute s'emparer de la bête. Bientôt, elle pourrait bien se battre avec l'énergie du désespoir et pour sa survie. Habituellement, l'adversaire est à son plus fort quand il se bat pour sa survie.

Fier de son coup, il n'allait pas s'asseoir sur ses lauriers pour autant. Déjà, il s'élançait vers la bête, mais il fut plutôt étonné de la voir se replier. Déjà? Allons donc. Il laissa quand même tomber sa branche et grommela. Maintenant, la bête irait peut-être voir d'autres de ses amis. Mauvaises choses ça. Le loup se sauvait maintenant, mais avec la blessure à sa patte, il était moins mobile. Michael le suivait à la trace et il faut dire qu'une créature de cette dimension n'est pas nécessairement particulièrement subtile non plus. Établi au sommet d'un arbre, silencieux, il observait la créature qui était arrêtée maintenant. Il lui fallait maintenant penser à la suite. Il devait s'acharner, mais pas trop quand même. Il jeta un œil à son manteau déchiré. Il lui en faudrait un neuf. Sentant le regard de la créature se porter vers lui, il sauta et atterrit à genou devant celle-ci, se redressant, enlevant son manteau pour le mettre de côté.

-Ne vas pas croire que j'en ai fini avec toi.

Regardant la bête dans les yeux, de son côté, il n'avait pas peur, pas du tout même. Cette fois, si elle lui tournait le dos pour s'enfuir, il la laisserait faire et s'en irait des bois sans plus attendre, disparaissant aussi vite qu'il était apparu. La pauvre Lycan devait quand même se demander sur quel fou dangereux elle était sans doute tomber. S'il pouvait la plaindre, il irait jusqu'à dire qu'elle faisait peut-être pitié. C'est d'ailleurs avec un regard de mépris qu'il la regardait, lui faisait face. Peut-être qu'en le voyant au sol ainsi, de nouveau en tête à tête, elle se risquera à l'attaquer, pour lui porter un autre coup. Après tout, elle avait lacéré son bras tout à l'heure, elle pouvait bâtir sur cet espoir. Une fois de plus, Michael était en défensive et il dressa sa main devant lui, faisant bouger ses doigts d'une façon qui voulait dire : "approches pour voir". Un ultime défi. Cette fois, il se promettait bien de rester près d'elle et de ne pas échapper à son regard, autrement, elle pourrait bien être tenter de s'enfuir encore une fois.

En tout cas, de son côté, il s'amusait, même s'il prenait se combat au sérieux. Il n'avait rien perdu de sa forme et pour dire vrai, il y a longtemps qu'il n'avait pas affronté une bête digne de se nom. Aujourd'hui, tout n'est que complot et tractations, il est rare qu'on puisse regarder quelqu'un dans les yeux et l'affronter comme il se doit, dans un corps à corps mémorables. Si un jour Michael doit finalement périr, il espère que ce sera dans un duel semblable, contre un humain, un lycan, un vampire, quel qu'il soit, parce qu'il reste que de périr en se battant reste pour lui un honneur. Cependant, se souhait est tout relatif, puisque Michael a l'intention de fêter un troisième millénaire un jour.

Il avait rarement vu un Lycan se replier ainsi. Il est vrai aussi que sous leur forme bestiale, il les avait aussi rarement croisé seul. Il était peut-être face à un cas particulier ou bien les créatures ont changé. Pourtant, il a entendu dire qu'ils se tenaient encore en meute ou en bande, en duo ou en trio, au minimum. Or, cette lycan était bel et bien seule et semblait pouvoir prendre le dessus sur ses instincts animaux et se contrôler, se replier même, se qui est totalement contre nature pour ses fières bêtes. Toutefois, Michael lui-même sait que "repli" n'est pas synonyme de "défaite". Parfois, ça permet de se reprendre et d'échapper à une situation où on est plus pris au piège qu'autre chose. Lui-même s'est déjà souvent replié par le passé, il n'a pas toujours foncé dans le tas, à l'aveuglette. Survivre à l'épreuve du temps implique bien de parfois écarter ses principes.

Atterri devant le monstre qui cache au fond de sa fourrure une jolie femme, il esquive les premiers coups de pattes qui sont donnés à tout hasard et qui semblait plus viser à le faire reculer que réellement lui porter atteinte. Si elle voulait le blesser, ou plus atteignable, le toucher, elle devra faire mieux que ça la louve. C'est là qu'il défia encore davantage la bête. Il voulait voir si elle pouvait se contrôler tant que ça et écarter toute fierté à un point qu'il ne soupçonnait pas. La bête parut plutôt se ressaisir. Michael la fixait toujours dans les yeux. C'est ça, il voulait voir le monstre à l'œuvre et pas l'humanité hésitante en elle. Il voulait une vraie bataille et dans se recoin de la forêt, il était maintenant plus convaincu qu'il y aurait droit.

Le monstre s'élança vers lui et Michael s'accroupit un peu, toujours prêt à esquiver toutes attaque. Les bloquer serait plutôt inutile et il le savait. Encore une fois, elle fit une manœuvre sur le côté et sûr de lui et de son coup, il sauta dans les airs pour la frapper en pleine gueule, manœuvre qui se voulait risquée et il le savait. Peut-on gagner sans prendre de risque? La vivacité du coup de gueule qui suivit le pris un peu au dépourvu et s'il put porter son coup, il reçut aussi le coup de gueule, sans se retrouver entre les dents de la bête, une chance et il fut expulser vers l'arrière, contre un arbre et retomba au sol avec un bruit sourd. À peine relever, la bête était de nouveau à la charge. Il la chargea alors lui aussi et en bondissant, il chercha à lui porter un coup entre les côtes, mais chose certaine, de son côté, il essuya un coup de griffe qui lui arracha une partie de la joue. Retomber de l'autre côté, il se retourna doucement et porta la main à son visage, poussant un horrible cri vampirique qui se répercuta dans toute la forêt. On voyait maintenant toutes ses dents, particulièrement ses crocs, plus long que la moyenne des vampires.

Il devait déployer un peu plus de sa véritable force maintenant. La simple force d'un vampire de cinquante ans ne pourrait vaincre cette lycan, c'était maintenant évident. Il se redressa et son regard devint plus vif encore, alors que la peau de son visage se régénérait déjà. Cette fois, il dévoilait un peu plus de sa vraie force, celle d'un vampire de deux milles ans d'existence. Il n'en avait plus que la connaissance maintenant, il en avait aussi maintenant toute la force. Pourtant, il se retenait encore. Il pourrait littéralement coucher cette bête et lui arracher le cœur à main nue. Or, ce n'est pas se qu'il avait en tête. Il était tout de même temps d'arrêter de jouer au chat et à la souris. Il s'élança de nouveau vers la bête. Son plan: esquiver ses attaques de pattes, donner un coup de poing sur sa patte, bondir en espérant esquiver un autre coup de gueule et atterrir sur le dos de la bête pour la assener de coup et la faire fléchir.

La Lycan se battait avec l'énergie du désespoir, il pouvait le sentir. Une bête qui luttait maintenant pour sa propre survie, rien de moins, assailli autant par les coups de son adversaire que les questions qui devaient habiter son esprit. Les vampires de Chicago ne sont pas reconnus pour leur grande force après tout et encore moins pour faire face aux lycans, d'après se qu'il a pu comprendre. Ils préfèrent plutôt jouer aux humains et organiser des spectacles. Mais où va donc le monde... Michael de son côté n'échangerait se duel contre aucun spectacle rock. Il y avait de la beauté dans la bataille, dans la lutte de chacun pour son existence, d'autant plus que le combat semblait biblique quand on pense à David contre Goliath.

Aucun doute, la faiblesse de ses loups semblaient encore être le museau, puisqu'à chacun de ses coups portés dans cette région, il y avait une réaction. Seulement, peut-être que Michael fit un péché d'assurance en attaquant la bête de front. Il faut dire que d'une manière ou d'une autre, il faudrait un gagnant et ce n'est pas lui qui irait se contenter d'une égalité. S'il put esquiver la première manœuvre de la gueule d'Ambre, le fait qu'elle cherche à l'écraser dans une manœuvre désespérée eut pour effet de le surprendre et le cou qu'il donna au niveau du ventre de la bête avec sa jambe ne parut pas l'arrêter le moins du monde. La bête salivait maintenant et Michael montrait les crocs, en guise de réponse. Quand la gueule de la bête s'ouvrit et se dirigea droit vers sa tête, avec pour seul objectif probable de lui arracher, se qui serait fatal au vampire. Il réussit à saisir la gueule de la bête et ses bras forçaient visiblement beaucoup pour la retenir, puisqu'ils en tremblaient, pourtant, peu à peu, il la fit reculer de quelques centimètres, alors que du coin de l'oeil, il voyait les pattes du loup forçait également, mais sans doute que ses blessures l'élançaient maintenant. N'empêche, un jeune vampire n'aurait jamais pu repousser un assaut pareil. D'un puissant coup de pied, au sommet de sa force, il envoya valser le loup à côté et se relevant plutôt péniblement, une partie de sa chemise déchiqueté, il laissa échapper un souffle d'air. Cette fois, il avait forcé et l'avait également échappé belle. Ne jamais sous-estimer de quoi ses bêtes sont capables.

La Lycan s'élança de nouveau vers lui, rageant, gueule ouverte, pattes vers l'avant. Cette fois, il ne tenta même pas d'esquiver. Ne cachant plus la mesure de sa puissance, il saisit chacune des pattes avant de la bête et la fait couché sur le côté. Le vampire aussi déployait les crocs et maintenant, c'est lui qui ruait de coups la lycan, au niveau des côtes et il lui parut même percevoir un crac. La bête poussa un cri animal et sous ses yeux, alors qu'il se reculait, elle reprit une forme humaine, celle de la jolie jeune femme de tout à l'heure. Il s'accroupit près d'elle et examina des yeux, pendant un court instant, la blessure qu'elle avait à la jambe. La bête était vaincue, mais pas l'humaine. À croire que sa beauté était sa dernière défense. De toute façon, Michael n'avait jamais eu pour intention de la tuer.

-Si belle... Je me vois mal tuer pareil beauté. J'aimerais que tu transmettes un message à tes semblables, de ma part. Les lycans et les vampires ont des ennemis communs. Il serait peut-être temps d'arrêter nos chamailleries au clair de lune pour d'abord en finir avec eux. S'ils ne savent pas de qui je parle, ils n'ont qu'à s'ouvrir les yeux et écouter la télévision... Je suis certain que tu pourras me retrouver pour me transmettre la réponse.

Là-dessus, il se releva et la regarda encore un peu, avant de tout simplement reculer de quelques pas, lui tournant le dos pour ensuite disparaître dans la nuit.

[Fin du topic!]

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