‟ I wanna find something I've wanted all along. „
Warren C. Swenson & Sarah H. Everglow

La seule once d'humanité qu'il me reste m'a permit de garder mon travail. Avant de devenir vampire, je portais un amour indéfinissable pour les enfants. Aujourd'hui c'est toujours le cas. Beaucoup de choses ont changées depuis dix ans, mais ce travail est la seule chose que j'ai refusé de perdre. Oui, je suis capable de tuer des personnes rien que pour le plaisir, pour le sang. Mais un enfant, ce serait impossible. Jamais je ne pourrais m'en prendre à un petit. Heureusement pour moi, depuis l'approbation des vampires dans la société, l'État a fait en sorte que ceux-ci aient accès aux même métiers que les humains, y compris pour celui que j'exerçais avant, chose à laquelle je ne m'y attendais pas vraiment. J'ai dû attendre cinq ans pour ça. Cinq ans à me cacher et attendre. Bien sûr, j'ai sauté sur l'occasion dès que j'ai pu. Les parents restent toujours plus ou moins réticents, évidemment. Un vampire qui s'occupe de leur enfant, moi-même je n'aurai pas été rassurée. Mais comme je l'ai déjà dis, jamais je ne pourrais faire de mal à un enfant. J'aime mon métier, même s'il me rends faible. J'ai l'impression de retrouver un morceau de mon ancienne vie, de redevenir humaine, l'espace de quelques heures. C'est une sensation étrange, je ne dirais pas agréable car je suis incapable d'expliquer exactement ce que je ressens en présence de tous ces petits êtres. Du bonheur ? Peut-être pas à ce point là, mais j'ai tout de même besoin de ce métier, au moins pour avoir la sensation d'être utile, de ne pas être seulement considérée comme un monstre sanguinaire.

Aujourd'hui nous sommes vendredi. Pour moi, ce jour n'a rien d'exceptionnel, pour d'autres il veut dire début de week end. En présence des enfants que je garde, je suis une tout autre personne. Ceux qui me connaissent seraient étonnés de me voir agir ainsi. Douce, attentionnée, à l'écoute... En dehors de cette école maternelle, je suis l'opposée. Ici, les personnes ne connaissent pas la véritable Sarah, insensible et froide, celle que je suis depuis qu'on m'a retiré mon autre vie... La journée est passé trop vite à mon goût. Les parents sont déjà là, pour venir chercher leurs enfants, je les regarde depuis mon bureau. Dans un sens, je les envie tellement. Pouvoir vivre une simple vie de famille, avoir un enfant... Je ne dis pas là que je ne peux pas en avoir. Seulement, je m'en sens incapable. Jamais je ne pourrais offrir une vie semblable à la mienne à un être aussi fragile et innocent. Certains parents ne daignent même pas m'adresser un regard avant de partir. D'autres me sourient et me disent au revoir.

Après plus de deux heures à attendre que la salle soit vide, je remarque qu'il reste encore un enfant. Le petit Swenson. Le plus bavard mais aussi le plus adorable. Je me lève, posant mon stylo sur le bureau, avant de venir m'accroupir près de lui. Sullivan s'amuse à faire des gribouillis sur sa feuille. « Sullivan, dis moi, qui vient te chercher ce soir ? » Il relève ses petits yeux ronds vers moi. « C'est maman ! » Le sourire qu'il décroche à sa réponse me fait de la peine. Depuis que je garde ce petit j'ai bien vite remarqué que sa mère est incapable d'arriver à l'heure pour venir le chercher, et à partir d'une certaine heure, ce n'est même plus la peine d'espérer qu'elle soit là. Je regarde la pendule quelques instants, avant de glisser ma main dans ses cheveux blonds. « On attend encore quelques minutes, le temps que tu termines ton dessin. » Il est tard, l'école est presque vide. Je maudis cette femme. Comment peut-elle laisser son enfant ici. A vrai dire, je ne sais pas vraiment si elle le fait exprès ou si elle est vraiment trop occupée pour arriver à l'heure. Mais je m'en fou. Ce n'est pas une chose à faire. Je retourne m'asseoir à mon bureau, laissant échapper un long soupire une fois devant mes papiers.

Dix minutes plus tard, je regarde pour la énième fois la pendule. Toujours pas de signes de la mère du petit. Je laisse tomber mon stylo sur le bureau en me laissant descendre le long de mon siège, lorsqu'une feuille vient se glisser devant moi. « Regardes, j'ai fais papa ! » La tête de Sullivan dépasse à peine de mon bureau, ce qui me fait sourire. Je récupère la feuille pour regarder son dessin. En effet il a dessiné son père, et lui à côté. « Il est très beau ton dessin ma puce, gardes-le, tu le donneras à papa quand tu seras rentré ! Et vas mettre ton manteau, c'est moi qui vais te ramener à la maison. » Il acquiesce d'un signe de tête avant de reprendre son dessin, puis s'éloigne vers les portes manteaux pour aller prendre le sien. Il n'a rien dit, comme s'il savait déjà que sa mère était trop occupée pour venir le chercher. Je n'ai pas le choix, je ne peux pas le laisser comme ça. Si sa mère ne vient pas, il faut bien qu'il rentre chez lui tout de même. Je cherche rapidement dans mes dossiers, celui du petit Sullivan, pour regarder son adresse, avant de ranger mes affaires et de me préparer aussi. Heureusement pour moi, il commence déjà à faire nuit.

Le seul petit soucis qui se pose, c'est que je n'ai pas réhausseur dans ma voiture. En même temps, qu'est-ce que j'en ferais, vu que je n'ai pas d'enfant. Je réfléchis quelques minutes en regardant la voiture, avant de me souvenir qu'un parent en avait laissé un à l'école. Tout en gardant la main du petit, je retourne à l'intérieur pour aller le chercher. J'espère que son père ne s'inquiète pas trop. J'essaye de me dépêcher mais Sullivan est très bavard et n'arrête pas de me parler et de me poser des questions, ce qui nous ralentit un peu. « Dis Sarah, t'as un amoureux toi ? Mon papa il a pas d'amoureuse, parce que maman elle est plus là ! » « Non je n'ai pas d'amoureux. » « Ah, pourquoi ? Je peux être ton amoureux moi ! Papa aussi il peut être ton amoureux, comme ça t'auras pleins d'amoureux ! » Tout en installant le réhausseur, je rigole et me tourne vers lui. « On verra, quand tu seras plus grand. Allez, on rentre voir papa. » Je l'attache, me place derrière le volant, et regarde une nouvelle fois l'adresse inscrite sur un bout de papier, avant de démarrer. J'espère au moins que son père ne m'en voudra pas. Normalement, je ne suis pas autorisé à ramener moi-même les enfants chez eux. J'aurai dû appeler son père pour qu'il vienne le chercher, mais je n'y ai pas pensé. Et puis je ne fais rien de mal après tout ! Ce n'est pas comme si je le kidnappais.

Pendant tout le trajet, Sullivan n'a pas arrêté de me parler. C'est fou comme ce gamin peut avoir énormément de choses à dire. On ne peut pas s'ennuyer avec lui. Il m'a demandé de mettre la radio et a chanté une chanson, m'expliquant que c'était celle que sa mère adorait. Ce petit semble tout de même avoir une vie de famille assez compliqué. Si j'ai bien compris, les deux parents sont assez plombés par leur travail. Je n'en sais pas vraiment plus. Mais ça ne me regarde pas... Nous arrivons enfin devant un immeuble résidentiel. Ces gens là semblent bien gagner leur vie tout de même. Une fois garée, je sors Sullivan de la voiture, mais il demande à le porter jusqu'à l'appart. « Pourquoi toi t'as pas d'enfant ? Tu veux pas être ma nounou ? Tu sais faire les gâteaux au chocolat ? J'adore les gâteaux au chocolat, mon papa il sait en faire, c'est le plus fort ! AHHH j'ai oublié mon dessin ! Mon dessinnnn ! » Une vrai boule de nerf ce gamin. Par chance, on n'a fait que quelques mètres. Je fais demi-tour et rouvre la voiture pour récupérer le dessin sur le siège. Tout fière, Sullivan garde précieusement la feuille et continue de me parler de tout et n'importe quoi, jusqu'à la porte. Il avance sa petite main pour appuyer sur la sonnette et commence à bouger dans mes bras, sans doutes impatient de voir son père.

« Non. Yael je t’ai dit non. Tu vas le chercher à l’école c’est ta semaine ! … Oui je sais que tu as du boulot, tout comme moi Yael. C’est ton fils merde ! Prend tes responsabilités… Ok. » Cette femme est la pire femme qui puisse vivre sur cette Terre. Même les vampires ne lui arrivent pas à la cheville, c’est la fille du diable. Pire que ces êtres buveurs de sang, elle se nourrit des émotions négatives des gens et le poussent à bout. Ca ne m’étonnerait pas qu’elle ait poussé quelqu’un de ses clients au suicide. Sorcière, sans cœur, folle. Je dépose avec férocité mon Black Berry sur le bureau, un client et face à moi, bouche bée, je viens de m’énerver contre mon ex femme devant lui. Ce n’est jamais bon pour conclure une affaire. Le téléphone se met à vibrer puis a sonner une seconde fois. «Yael Swenson » Je décroche avec rage. « QUOI ! … Oui tu me déranges. … Ca fait à peine deux minutes que tu viens de m’appeler. Non je ne me libérerais pas ce soir… En tant que mère tu te dois d’aller chercher ton fils à l’école… Lui faire prendre un taxi, mais tu es malade ma pauvre, il a quatre ans… Ose faire ça, et mon avocat se ferra une joie d’en parler au procès… Et ne t’avise pas de me raccrocher au … » Je me tourne vers mon client, vert de rage. Crucifiez-la, pendez-la. Je ne sais pas, éradiquez la de cette planète. L’amour est un sentiment des plus étranges, que je ne comprends pas aujourd’hui et que je ne comprendrai jamais. C’est une drogue non ? Un menteur, qui nous voile la réalité. Cette femme n’était pas comme ça quand je l’ai connue. Ou alors je ne l’ai pas vu. L’amour était tellement évident entre nous, je lui ai fait un enfant … Suis-je liée à elle pour le reste de ma vie. C’est un vampire ? Il se racle la gorge, je reprends mes esprits adressant de sincère s’excuse à mon futur clients, ma futur vedette, celui qui me ferra gagné un bon pactole.

Un café dans les mains, je fini ma journée dans l’ascenseur de l’immeuble. Huitième café de la journée, bien corsé, une longue soirée m’attend. Trop de boulot pour un seul et même homme, c’est moi qui ai choisi de vivre de la sorte après tout. Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Les clés de mon appartement dans les mains, je triture la serrure, le clic libérateur ! J’entre, et tout de suite mon enthousiasme redescend. C’est vide. Pas de nounou, ce qui équivaut à pas de Sullivan dans les parages. Il me manque déjà, sa petite tête blonde. Sa petite voix. Ce gosse me manque, je ne suis donc rien sans lui. Je jette les clés dans le vide poche, fait claquer la porte d’un coup de talon. Mon trench sur le porte manteau. Le canapé, un milliers de papier. Me revoilà au boulot. Boulot, dodo, boulot, dodo. Quelle vie et quelle routine. Le café tombe sur mes papier, affolée j’éponge celui-ci à l’aide de ma chemise blanche, encore mieux. C’est mouillé, c’est froid, et ça sent la caféine. « Merde. Merde. Merde ! » Je relève le gobelet déjà vide, prend les feuilles et les secoues dans tout les sens comme si ça allait changer quelque chose à mon sort. Debout, je regarde l’étendue du massacre, une belle tache sur ma chemise blanche, mon jean a été épargné ainsi que mes chaussures. Encore heureux. Comme si l’on avait envie de m’achever il faut que quelqu’un sonne à la porte. Pas d’autres option qu’allait ouvrir dans cet état. Devant la porte, j’ouvre. « Sullivan ? » Le sol mot qui arrive à s’échapper de ma gorge. Mon petit homme me tend les bras, je l’attrape, le calant contre moi. « Papa ! C’Sarah qui m’a remmener. » Oui, il n’est pas rentré tout seul, et surtout il n’était pas suspendu dans les airs par la seule force de son esprit. Mes yeux se posent alors sur une … très belle femme … J’en reste bouche bée. Depuis quand les maitresses d’école maternelle sont aussi … charmantes. Je manque à tous mes devoirs. « Vous … Entrez je vous en pris. » Sullivan gigote dans mes bras, je l’embrasse tendrement sur le haut du crâne. Sa mère n’est pas allé le chercher, je devais m’en douter. Le petit bonhomme me colle son dessin en pleine figure. « Regarde !! Regarde !! C’toi. Je l’ai fait touuuut seul ! » Je rigole, déposant Sullivan a terre er récupérant son dessin. Un hochement de tête plus tard. « C’est magnifique mon chéri. Allé tu peux aller jouer. Une petite tape sur les fesses, et il s’éloigne en courant vers sa chambre. Je me tourne vers la dites Sarah, lui indiquant qu’elle peut s’installer. Je m’approche de la table basse, commençant à rassembler tout mes papiers humidifié par le café. « Excusez-moi pour le désordre … Et pour cette tenue aussi. » Dis-je en me regardant, pitoyable, même pas foutu de tenir un café correctement. Je n’allais tout de même pas laisser la jeune femme à la porte en lui servant juste un merci tout prémâché. Je m’assoie sur le canapé à mon tour. Mon regard sur elle. Les traits de son visages son fin, un peu durs par endroit. Un teint laiteux, les yeux d’une couleur extraordinaire, une peau parfaite … « Vous êtes un … enfin une… Vous buvez du sang ? » Drole de question. « Je, je crois que je n’ai pas de … comment ça s’appelle déjà ? »Dis-je en parlant pour moi-même. « Du Sap, voilà. Oui, je crois que je n’ai pas de Sap dans mon frigo … Peut-être un échantillon distribué dans la rue, je ne sais pas. Il faut que je regarde. » Je me lève, je fais les questions et les réponses. En quelque pas je suis dans la cuisine américaine, j’ouvre le réfrigérateur rouge, cherchant cette petite fiole distribuée dans la rue. Je referme. « Du vin ? … Je ne sais pas si … enfin, vous buvez autre chose que du Sap ? » Demandais-je pour une fois à l’attention de la jeune femme. Sullivan arrive et s’assoie à coté d’elle. « Elle est où maman ? » Demande-t-il en d’adressant à sa maîtresse. « Moi je veux du jus d’orange… » Je le regarde, durement. « S’il te plait Papa ! » Finit-il par ajouté en levant ses petits bras au ciel. « Tout de suite monsieur. Et pour vous ? Du vin ? » Demandais-je un sourire poli sur le visage.

Sullivan n'arrête pas de gigoter. Une vraie pile électrique. Je me doute qu'il soit impatient de rentrer chez lui, après avoir passé plus d'une heure seul dans une classe, à attendre que sa mère vienne le chercher. Je tente de calmer au mieux le petit, lorsque la porte s'ouvre enfin. « Sullivan ? » Celui-ci quitte rapidement mes bras pour aller se blottir dans ceux de son père, à qui j'adresse un sourire. « Papa ! C’Sarah qui m’a remmener. » Je n'ai pas le temps de dire bonsoir, ni même de me présenter, de toutes manières, Sullivan vient de le faire à ma place. Son père me regarde, mais ne semble pas se soucier de savoir qui je suis, sans doutes parce qu'il le sait déjà. C'est vrai que ce n'est pas la première fois que je le croise. Je me souviens bien de lui, comment oublier. C'est un homme charmant, et qui plus est, un bon père. Enfin, d'après ce que j'ai pu voir. Je m'apprête à lui expliquer la raison pour laquelle c'est moi et non son ex femme qui vient ramener Sullivan, avant de m'éclipser, mais il me devance. « Vous … Entrez je vous en pris. » Merde, je n'avais pas vraiment prévu de rester. Enfin, dans un sens, ça me permettra de faire le point avec lui à propos de son fils et de cette histoire avec son ex femme.

J'ose alors faire quelques pas pour entrer dans l'appartement, balayant rapidement celui-ci du regard, avant de reporter mon attention sur Sullivan et son père. « Regarde !! Regarde !! C’toi. Je l’ai fait touuuut seul ! » C'est fou comme je peux être souriante rien que par la présence d'un enfant. Il faut dire, qu'il est très fier de son dessin, et il n'attendait que ça, pouvoir le donner à son père. « C’est magnifique mon chéri. Allé tu peux aller jouer. » Sullivan s'éloigne enfin dans le couloir, me laissant seule avec Mr Swenson. Ou devrais-je dire plutôt, Warren, d'après son dossier. La situation me mets assez mal à l'aise. Nous n'avons jamais eu l'occasion de parler, je l'ai seulement vu quelques fois déposer son fils à l'école, avant de partir. Mais c'est tout. Warren me fait signe de m'installer, ce que je fais aussitôt, en remarquant la jolie tache de café présente sur la table, et pas seulement. Une légère grimace se dessine sur mon visage en voyant les dégâts. « Excusez-moi pour le désordre … Et pour cette tenue aussi. » A vrai dire, je n'avais pas vraiment fais attention à sa tenue jusque là. Mais maintenant qu'il en parle... « Aucun problème, ne vous en faites pas. » Si une maitresse d'école maternelle n'a pas l'habitude de voir des taches de peinture, de nourriture, de boissons et autres c'est qu'il y a un problème...

Je le suis du regard, alors qu'il s'assoit à son tour. Puis il me dévisage un moment. Je reste muette, incapable de trouver quelque chose à dire. Le fait de me retrouver ici me gêne un peu. Beaucoup même. Je n'ai pas pour habitude de faire ami ami avec les parents de mes élèves. Mais en même temps, je ne pense pas qu'il m'ait invité pour cette raison. Peut-être simplement pour me remercier d'avoir ramené son fils. « Vous êtes un … enfin une… Vous buvez du sang ? » Sa question me fait sourire. Il n'a pas l'air dérangé par cette découverte. Et heureusement d'ailleurs. J'aurai pensé plutôt le contraire. Qu'il découvre que la maitresse de son fils n'est autre qu'un monstre buveur de sang... Mais il ne semble pas si déçu ni même effrayé, ce qui me permet de me mettre déjà un peu plus à l'aise devant lui. Warren ne me laisse même pas le temps de lui répondre qu'il enchaine déjà. « Je, je crois que je n’ai pas de … comment ça s’appelle déjà ? Du Sap, voilà. Oui, je crois que je n’ai pas de Sap dans mon frigo … Peut-être un échantillon distribué dans la rue, je ne sais pas. Il faut que je regarde. » Son comportement me fait rire, intérieurement. Face à lui, je me contente simplement de sourire, amusée. Il parle tout seul, ne me laisse même pas le temps de dire quoi que soit. Je ne demande rien à boire, et je peux très bien prendre autre chose que du sang, mais je laisse faire, le suivant toujours du regard. Il part dans sa cuisine, ouvre le frigo, et le referme. « Du vin ? … Je ne sais pas si … enfin, vous buvez autre chose que du Sap ? » Je baisse un instant la tête, retenant un rire. Non, je ne me moque pas de lui. Il devrait même être fier de réussir à me faire rire. C'est rare. Surtout pour un simple humain. Je relève mon regard vers le petit Sullivan qui vient de réapparaître. Je lui adresse un sourire lorsqu'il s'assoit près de moi. « Elle est où maman ? » C'est à moi qu'il pose la question ? Je n'en ai pas la moindre idée ! Si je le savais, je ne pense pas que j'aurai été là ce soir. « Je n'en sais rien ma puce, surement au travail... » Répondis-je à voix basse, par peur de dire une gaffe, et que son père l'entende, on ne sait jamais.

« Moi je veux du jus d’orange… S’il te plait Papa ! » « Tout de suite monsieur. Et pour vous ? Du vin ? » « Du vin ça ira très bien. Merci. » Accompagnant ma phrase d'un petit sourire. J'ai enfin pu répondre ! Mais j'ai accepté par simple politesse. A vrai dire, je n'ai pas très soif, surtout que le vin ne me fera rien. Au moins, cet homme a le sens de l'hospitalité, pas comme certains... Je connais des parents qui m'aurait presque claqué la porte au nez. Beaucoup ne m'apprécient pas vraiment, simplement parce que je suis vampire. J'ai bien de la chance que Warren m'ait acceptée telle que je suis, car j'adore son fils. J'attends qu'il revienne s'asseoir, me tendant en même temps mon verre. Je le remercie une nouvelle fois, me forçant à prendre une gorgée, avant de regarder à nouveau Sullivan. « Votre fils est... comment dire... débordant de créativité ! Et très bavard aussi. » Fis-je en lui faisant les gros yeux, mais reprenant très vite un petit sourire en relevant la tête vers Warren. « Il est adorable. Mais je n'en dirais pas tant de votre... ex femme ? » Je porte une nouvelle fois le verre à mes lèvres. Je n'aurais peut-être pas dû dire ça. C'est un peu déplacé... « Pardon. J'ai tendance à penser à voix haute... » Non, je ne porte pas cette femme dans mon cœur, bien au contraire, ce n'est pas difficile à deviner il faut dire. J'ai l'impression qu'elle n'imagine pas la chance qu'elle a d'avoir un fils comme Sullivan. J'aimerai être à sa place. Je la hais parce que je l'envie, mais aussi et surtout parce qu'elle préfère son travail à son fils. C'est impardonnable. « J'espère que vous ne m'en voulez pas de l'avoir ramené moi-même... Je n'osais pas vous déranger à cette heure. Je sais que vous devez avoir des journées plutôt chargées avec votre travail... Enfin je me doute. » Je ne me reconnais vraiment pas. Être aussi... aimable, ce n'est dans ma nature habituellement. C'est à cause de Sullivan !

Je suis assez actif, débordant d’énergie et de vitalité. Tout comme Sullivan, il tient beaucoup de moi, de sa mère, c’est ce divin visage d’ange. Je la vois elle quand je pose mes yeux sur lui, elle hante mes nuit, et emplis mon cœur. Je n’oublierais sans doute jamais cette femme, comment oubli-t-on une femme que l’on a épousé à l’âge de dix huit ans. Yaël était toute ma vie. Elle m’a laissé ce magnifique don du ciel en partant. Je suis comme un enfant quand je le regarde, contemplant ce magnifique petit être. Mon discours auprès de mademoiselle Sarah était des plus incompréhensibles et des plus idiots également. Je ne lui ai posé des questions, répondant moi-même aux questions. Elle répond d’ailleurs affirmativement à ma demande, je sers un verre de jus pour monsieur. Et deux verres de vins pour Sarah et moi. En aucuns cas je suis impressionné par elle, un vampire dans mon appartement et je n’ai pas peur. Tout le contraire de Yaël. Les vampires vivent avec nous depuis maintenant plus de cinq ans, autant les accepter, ça ne sert à rien d’en faire un drame. Ils boivent ce truc rouge, immonde. Si ça leur convient, soyons heureux également. Je retrouve le canapé, tendant le verre de vin à la jeune femme. Le jus à mon petit ange, qu’il attrape avec ses deux petites mains et le porte à sa bouche avec empressement. Je m’assois, Sullivan est entre nous, il sourit, regardant Sarah quand elle se met à parler. Je suis amusé par ses paroles, ce qu’elle me dit de ma progéniture ne m’étonne pas du tout. Regardez le, il est incapable de se taire plus de deux minutes d’affilé. Elle en vient très vite au sujet Yaël. Je bois une gorgée de mon verre soupirant, cette femme n’est aimée de personne. Malheureusement pour elle. C’est le genre de femme à ne pas se soucier des autres, au contraire, il n’y a que sa petite personne qui importe. Son fils, également … Mais, ça se discute. Elle s’excuse je souris, caressant tendrement les cheveux blonds de Sullivan. « C’est un grand bavard ! C’est sur. » Dis-je en le regardant. Il grimace, continuant à boire son jus d’orange. Ses yeux n’ont pas lâché Sarah du regard. [b] « Je ne vous en veux pas, au contraire ! Si vous ne l’aviez pas ramené, Yaël serait venue le chercher à minuit passé. Dieu seul sait où elle est encore fourrée à cette heure si. Exaspérant. » Je ne sais pas où elle est, elle aurait au moins pu avoir la gentilles de me prévenir, je serai allé le chercher au final. Je bois une gorgée de mon vin. « Eh vous avez raison, mon ex femme n’a rien d’adorable … Je pense que vous l’avez croisé déjà. »

Je pose mon verre sur la table basse en verre. Fixant le verre à pied quelques secondes. Sullivan pose son verre, avant de me regarder, puis il regarde Sarah une nouvelle fois.[b] « Tu la trouves pas jolie toi Sarah ? Moi oui. » Je rigole, quel petit homme entreprenant à son âge ! « Si, si. Elle est très jolie. Tu en as de la chance ! » Il sourit fier de lui. [b]« Ce sera ma reine quand je serai plus grand. » Dit-il en me regardant d’un sal air, comme s’il me demandait de ne pas la lui voler. Je lui adresse un tendre sourire. Il se lève du canapé avant de partir en courant dans sa chambre pour jouer sans doute. J’adresse un regard complice à la jolie jeune femme. Elle m’intrigue, un peu, beaucoup. Ce n’est pas tout les jours que j’ai la chance de fréquenter des vampires, et là je dois dire que je suis témoin de leur charme invétéré. [b] « Les choses sont compliquées pour lui en ce moment … J’espère qu’il n’a pas trop de soucis à l’école. Il faut dire que … avec mon travail, je … Je devrais être plus souvent avec lui. » Je bois une nouvelle gorgée. Je ne sais pas quoi lui dire, elle est assez … impressionnante.