If you got bad news,
you wanna kick them blues ; cocaine

Elle me tente, elle m'appelle. Ça a toujours été comme ça, depuis la première fois. Elle est si douce, elle arrive à me rendre le sourire... Vous croyez que je parle d'une femme ? Bande de cons. C'est bien mieux, moins encombrant, moins emmerdant, et moins blessant ! Croyez-le ou non, j'ai facilement remplacé les femmes par ces petites merveilles. Cocaïne, héroïne... Mes petits bijoux. Il m'arrive de mélanger les deux. Une partie de jambes en l'air, totalement stone. Le pied, je vous le dis, le pied ! Ça fait maintenant 7 ans que je partage ma vie avec elle. Les centres de désintox' n'ont pas suffit à me stopper. Il me faut bien plus que ça pour arrêter. Une fois tombé dedans, c'est impossible de s'en sortir. Certes, c'est une drogue. C'est fou, comme on peut avoir l'impression que tout va bien, qu'il n'y a aucun problème, la sensation d'être sur un petit nuage. Le rêve. L'extase.

La soirée débute à merveille. Peut-être avec un rail de trop. Chose que d'ordinaire, j'évite de faire. J'ai toujours su m'arrêter à la bonne limite, mais ce soir, visiblement, j'ai été un peu trop gourmand, ou peut-être un peu trop nostalgique. " Putain " fais-je en balançant le billet qui me servait à récupérer la poudre. J'en ai fais tomber. Pas de gâchis, cette merde coût assez cher ! Je me baisse pour ramasser ce qui traine par terre, me prenant au passage le bord de la table basse. " Aïe. Putain ! " La vulgarité est le langage le plus courant utilisé lorsqu'elle commence à monter au cerveau. Tout en essayant désespérément de récupérer la poudre sur la moquette, je retrouve le billet que j'avais jeté. " Qui c'est le plus riche ! Hééé. " J'en oublie presque la cocaïne éparpillée sur le sol et regarde le billet en me redressant. Je vous assure, qu'on n'a pas du tout l'air con à mon niveau... C'était ironique. Après avoir rangé ma 'richesse' dans la poche de ma veste, je me lève aussi gracieusement qu'un morse en phase terminale, me rattrape à la bibliothèque, manquant de faire tomber son contenu, soit plus de 200 bouquins poussiéreux. " Bah putain. " clamais-je en pouffant de rire. Extrêmement marrant, ou devrais-je dire plutôt, totalement pathétique. Mais je vous rappelle qu'à cet instant, c'est à peine si je remarquerais que je suis encore chez moi. Je m'arrête quelques secondes, le temps de reprendre mes esprits. Enfin, façon de parler bien évidemment. Puis je récupère ce que je crois être mes clé - mais qui s'avère être en réalité un espèce de décapsuleur, ou bien un couteau suisse. Peu importe. Je le range dans ma poche et m'avance juste qu'à la porte, tout ça bien entendu, en continuant de pouffer de rire, le sourire jusqu'aux oreilles, et en trainant des pieds. Ce dernier rail m'a achevé, mais j'ai tout de même trouvé la force de sortir...

Et de conduire ! Non, sans blague ?! Sans même me tromper de chemin. Comme quoi, je ne suis pas aussi mal en point qu'on pouvait croire. L'effet de la cocaïne est un peu moins fort que tout à l'heure, l'air frais m'a sans doute fait un peu de bien. J'ai simplement l'air, euphorique, légèrement excité, donnant l'impression que je viens de descendre cinq cafés en deux minutes. Mais à part ça, tout va bien. Après tout, je suis toujours comme ça. Toujours stone. Du moins, presque toujours. Encore avec ce même sourire débile scotché aux lèvre, j'entre dans le bar et m'avance directement jusqu'au comptoir. Pour boire ? Et puis quoi encore, vous voulez ma mort ? Ne jamais mélanger drogue et alcool. Enfin c'est ce que j'ai toujours dis, depuis que j'ai frôlé l'overdose. J'ai cru que c'était à cause du mélange de bière, de rhum, de champagne, de cocaïne, et j'en passe... Mauvais souvenir. Passons. Con comme je suis, je me commande un scotch. Ne jamais dire jamais. Puis mon regard se pose sur toutes les jolies jeunes filles que je croise. Il n'y a que l'embarras du choix dans ce genre d'endroit. Mais je ne suis pas venu pour ça. Ah, vous y avez cru, hein ?! Je dois bien avouer que c'est plutôt tentant, mais ce soir, j'avais prévu autre chose. Eh oui, même dans mon état, j'arrive à penser à autre chose qu'à sauter. Plus sérieusement, il m'a fallut du temps pour passer ce cap. Je sais que je suis un gros con, mais je sais très bien penser à autre chose qu'au cul. Et puis, je suis un homme comme un autre ! Jamais je n'ai dis que j'étais saint d'esprit. Vous m'auriez vu prêtre ?

Après m'être rincé l'œil quelques minutes, je retourne devant mon verre, et pose plus particulièrement mon attention sur la barmaid. Voilà pourquoi je suis venu. Jules. Ça fait un moment qu'on ne s'est pas vu, et je dois dire qu'elle commençait à me manquer. Y a pas grand chose à dire sur notre relation. Moi même, je serais incapable de la décrire. Je sais juste qu'on peut exclure l'amour. Je la vois comme une petite sœur. Et elle a bien de la chance, dans un sens, sinon je lui rendrais la vie dure. C'est assez rare, quand j'ose m'attacher à ce point à quelqu'un, en particulier une femme. Enfin, comment j'aurai pu m'en prendre à elle, regardez-la. Elle a une gueule innocente. Une gueule d'ange. Elle me fait bien rire, elle et son humeur. Elle peut bien paraitre angélique, quand on la connait un peu mieux, on réalise qu'on est bien loin du compte. Je finis d'une traite mon verre et lui fais un signe de la main pour qu'elle vienne me resservir, et surtout pour pouvoir lui parler. " Tu me ressers un scotch, et quand t'auras le temps, tu poseras tes petites miches à côté des miennes qu'on puisse parler un peu, lâcheuse. "