Vous irez loin, Mr. Wattleton... Jusqu'à mon lit ?

Un jeudi soir, il devait être 23 heure. En pleine forme, j'avais besoin de sortir, de bouger, de voir du monde ! Je ne supportais pas de rester trop longtemps isolée dans un silence qui m'incommodait et me frustrait. J'étais peut-être morte, mais j'aimais la vie ! Aujourd'hui, j'avais passé la journée dans un jet, prêté par un de mes amis, tout ça pour aller régler quelques affaires du côté de la Nouvelle Orléans. J'avais un carnet de contact si développer que voyager aux quatre coins du monde était devenu pour moi quelque chose de tellement... banale ! Maintenant que j'étais sur le territoire américains, je pouvais m'y balader sans à me soucier des visas. Les contrôles d'identités avaient beau être ardus et délicats, un sourire aidait toujours la sécurité à fermer les yeux sur d'éventuelles gênes me concernant. Et puis, qui disait « jet » disait aussi tranquillité. Je n'avais pas à m'en faire. Voyager de jour, derrière ces hublots fumés, me permettait de voir le jour et de me reposer, sans perdre mon précieux temps. Certes, lorsque l'on avoisine les 4 000 ans, on ne devrait plus s'arrêter à ce genre de détails, n'est-ce pas ? Ces derniers temps les choses avaient tant changer ! Je ne pouvais que savourer le résultats de la boulette de notre cher Azael.

J'avais donc de l'énergie à revendre après cette journée passée à dormir sur une couchette fort confortable. La nuit était tombée depuis un moment sur Chicago, j'avais pu passer chez moi pour y déposer mes affaires et le précieux bijou que j'avais récupérer là-bas ; prendre une bonne douche et enfiler une de ces tenues diablement sexy dont je raffolais. Ce que je pouvais aimer cette époque ! Pas de corset, de froufrous superflus... De la lingerie fine et des jeans taille basse... Un vrai bonheur ! Jetant un coup d'œil dans un petit miroir de poche, je passai mon index sur mes lèvres et finit par quitter ma voiture et d'entrer dans le bar. Il était réputé en ville, Uphir m'en avait déjà parlé. D'ailleurs, en parlant de celui-là, il allait devoir me consacrer un peu de temps s'il ne voulait pas m'entendre me plaindre jusqu'à la fin des temps sur son manque d'attention à mon égard ; la jolie poupée que l'on se doit de dorloter à chaque instant... Je n'étais pas « née avec une petite cuillère en argent dans la bouche » comme le disait si bien l'expression. Moi, je l'avais volé à mon voisin cette cuillère ! Et en plus de ça, je lui avais probablement brisé la nuque en me jetant sur lui, les crocs brillants sous l'éclat de la lune.

Cette fois encore, ça ne loupa pas. Pour un repère vampirique, j'avais de quoi m'amuser en plus de ça. Humains et créatures aux sang-froid se mêlaient dans cette même pièce. D'un rapide coup d'œil, j'en faisais le tour, repérant au loin qui pourrait se convertir en potentiel jouet de fortune à mes yeux. Uphir m'avait prévenu, je devais tout même me contenir et rester tranquille si je désirais rester dans les parages. Puisqu'il s'y installait avec les autres, je comptais bien en faire de même. Ne voulant pas endosser le rôle de la fragile petite humaine, que je maîtrisais désormais comme personne, je m'avançai jusqu'au comptoir de ma démarche féline, retirai mon manteau de cuire et m'installai sur un de ces grands tabourets.
« Un verre de SAP. » -lançais-je simplement. Quelques regards se posèrent sur moi, un brin étonnée. Que faisait une gamine de mon acabit dans ce bar ? Une vampire en plus ? Si seulement ils avaient su... Je gardais un air sérieux et neutre, alors que j'explosai littéralement de rire à l'intérieur. On me servit ce fameux verre, et c'est sans grande conviction que j'en fixais le contenu. J'avais bien été contrainte de m'y mettre, bien que ça ne me plaisait guère... Et dire qu'il me suffisait de me tourner d'un quart de tour pour planter mes crocs dans la jugulaire de mon voisin et étancher ma soif. Pfff !