As long as it's free ♦ Savannah & Aaron

You and me could write
a bad romance.

La ponctualité n'a jamais vraiment été mon fort, oh ça non. J'ai beau donner l'impression d'avoir 3 grammes de sucre dans le sang, ce n'est pas pour autant que vous me verrez courir à un rendez-vous. J'ai horreur qu'on m'impose quelque chose, et c'est pourquoi je fais toujours en sorte d'arriver en retard. Exception pour certaines personnes ! Savannah, par exemple, qui vient de me proposer de se voir aujourd'hui. J'étais à moitié défoncé - pour ne pas changer - à moitié à poils, et à moitié en train de dormir sur le lit, une soirée comme les autres, pour résumer. Après avoir lu son message, j'ai jeté mon portable, pour faire comme dans les films, sauf que dans les films, ils les retrouvent toujours, leur portable. Je crois que le mien n'a pas compris ça. J'ai dû perdre dix minutes à le chercher, puis me suis empressé de m'habiller. La porte de l'appartement à peine fermée, je me rends compte que mon t-shirt est à l'envers. Je retire alors ma veste, puis le t-shirt. Évidemment, c'est à ce moment que la vieille de l'appartement d'en face décide d'ouvrir sa porte. Je crois que cette femme a toujours eut le sentiment que je venais d'une autre planète. Il faut dire qu'elle ne me vois jamais sous mon meilleur jour, si meilleur jour il y a dans ma vie. Non, en fait, je crois que ça n'existe pas. Alors je peux comprendre son point de vue. Je lui fais un signe de la main, accompagné d'un grand et faux sourire, toujours torse nu, et la moitié de mes affaires par terre. Je me fou de sa gueule, et elle le sait très bien. Elle ne répond pas, et se contente de refermer la porte. Je hausse les épaule, et me rhabille.

Sur le chemin, je m'arrête pour prendre deux cafés au starbucks, en espérant qu'ils n'aient pas le temps de refroidir avant d'arriver... D'arriver où déjà ? Au lac. Pourquoi un lac ? Aucune idée, en même temps je m'en fou. Elle aurait très bien pu me donner rendez-vous dans une décharge, je l'aurais suivis. La seule chose que j'aurais refusé, c'est un de ces endroits peuplés de macchabées. Non, pas un cimetière, je parle des vampires. De qui d'autre... Enfin, pour ça, je lui fais confiance. Elle sait très bien que j'ai horreur de trainer avec ces... trucs. Sinon, qu'est-ce que je fouterais dans une secte anti-vampire ?!
Il fait déjà nuit depuis deux heures. En temps normal, j'ai toujours quelque chose de prévu le soir... Non, c'est une blague. Je passe ma vie à m'emmerder, à m'inviter dans des soirées plus glauques les unes que les autres. Heureusement que Savannah est là pour me sortir un peu de cette merde que j'appellerais mon train-train quotidien. Si je n'avais pas rencontré cette fille, je n'oserais même pas imaginer dans quel état je serais aujourd'hui. Si je suis encore vivant ce soir, c'est un peu grâce à elle, puisqu'elle m'empêche inconsciemment de faire des conneries, ou du moins, elle fait en sorte de les réduire. Comme par exemple, me droguer jusqu'à avoir plus d'héroïne que de sang dans les veines (façon de parler). Ce que je trouve étrange avec Savannah, c'est que depuis le début, je l'ai toujours considéré comme une petite sœur. Moi qui ai pour habitude de me faire détester par les femmes, en les prenant pour de simple joujoux sans importance. Je drague, je saute, je balance. Je n'ai jamais rien tenté avec elle. Et c'est vrai qu'à chaque fois que je la vois, je me demande encore pourquoi je fais le con. Pourquoi je joue les gentils grands frères, alors que ce n'est pas du tout mon style. A quoi bon vouloir connaître la réponse, ça changerait rien. Peut-être qu'elle est différente, peut-être pas, j'ai pas envie de savoir. Et puis s'il me vient l'envie de la draguer, je ne pense pas que je me gênerais pour le faire.

Un café dans chaque mains, je regarde bien où je marche pour éviter de me casser la gueule, comme j'ai si souvent l'habitude de faire quand je porte quelque chose. Je suis tellement concentré sur mes pieds que je ne remarque même pas que j'avance droit vers le lac, et manque presque d'y piquer une tête sans le vouloir. " Oups. " Petit demi-tour artistique, je relève enfin la tête et aperçois Savannah un peu plus loin. Le sourire aux lèvres, je m'avance vers elle et lui tend aussitôt l'un des deux cafés. " Hey ma belle. J'crois qu'ils sont froids, mais bon. On va dire que c'est l'intention qui compte. " Je me place à côté d'elle pour me mettre face au lac, en prenant une gorgé du café. Effectivement, ils sont froids. " Bon alors, pourquoi ce lac ? Ça y est, t'en as marre de moi, tu veux me noyer ? M'étrangler et te débarrasser de mon corps dans l'eau ? "