Got on my Ray-Ban and I'm feeling hello cool tonight, yeah...
Everybody's vibing so nobody don't start a fight, yeah...

Travail terminé, je pouvais enfin rentrer. J'avais attendu ça toute la journée, avant même d'avoir quitté mon lit, ou encore ma douche, ma tasse de chocolat chaud, mon salon, mon entrée, mon immeuble... Avant même d'avoir réellement entamé ces longues heures de boulot, j'avais rêvé de mon retour chez moi, pour me jeter sur mon paquet de guimauves et de glace. J'allais finir par prendre 30 kilos, mais je m'en fichais. Je pouvais bien finir obèse et seule, je n'en serais pas plus malheureuse ! Oui, à en voir mes pensées, je n'étais pas en grande forme, loin de là. Ma petite déprime n'avait eu de cesse de croitre, jusqu'à me pousser vers les bas fonds des angoisses et autres mauvais sentiments. Alors je me comportais comme un véritable petit soldat, un petit robot. J'allais sur le terrain, je récoltais les informations, je rédigeais mes papiers et j'envoyais le tout. Après ça, je mettais mon cerveau en stand by. Je coupais court à mes réflexions et je m'interdisais formellement de penser à moi, à ma vie, à mes sentiments. Métro, boulot, dodo, et fini la vie sociale. Seul Mike parvenait encore à avoir un semblant de conversation avec moi, depuis notre diner pseudo professionnel de l'autre soir. Il était le seul qui réussissait, non sans efforts, à me décrocher plus de 3 mots à la suite. C'était probablement le record man de ces dernières semaines.

J'allais mal, et pourtant je ne faisais rien pour me hisser vers le haut et relever la tête. J'avais un regard froid, comme si les braises qui les avaient habité n'étaient plus qu'un tas de cendres. J'optais pour la mono-expression du visage, me refermant complètement sur moi-même. « Mademoiselle Nelson ! » On m'interpella de l'autre bout du couloir, que je venais tout juste de traverser. Me retournant, j'arquais légèrement les sourcils, l'interrogeant au travers de cette simple réaction. « Je voulais savoir si vous seriez intéressée par un entretien avec...
- Non merci. » J'étais sèche. On aurait pu me proposer le scoop du siècle, si on ne m'ordonnait pas de travailler là-dessus, je n'en faisais rien. Si mon supérieur ne me bottait pas le cul pour que je m'active sur le sujet, je ne m'en occupait pas. Je m'en détachais complètement d'ailleurs. Ma carrière était mise entre parenthèses, comme tout le reste de mon existence. Je vivais histoire d'expulser un peu d'air de mes poumons et de contribuer au bon fonctionnement de cette satanée société de consommation.

Je tournai donc les talons, le laissant un peu bredouille, incapable d'enchainer sur quoique ce soit pour me retenir. J'en était soulagée. Appelant l'ascenseur, je patientai quelques instants et jetai quelques coups d'œil sur le cadran de ma montre. Je n'avais aucun rendez-vous, on ne m'attendait nulle part, mais je semblait pressée. Je fis glisser mes lunettes sur le bout de mon nez, bien que je comptais me rendre au parking sous-terrain du bâtiment. Qu'importe ! Je pouvais me gâcher derrière ces verres teintés. Je n'en demandais pas beaucoup. Juste un peu de paix... Et puis de l'ombre, comme pour illustrer ma perception actuelle de la vie. Un tintement se fit alors entendre, et très vite je me glissai entre les portes. Une fois le bouton du niveau -3 enfoncé, je me reculai et croisai les bras. Les étages défilaient sous mes yeux, jusqu'à ce que l'appareil se stoppe quelques niveaux avant mon celui visé par ma petite personne. Les portes s'ouvrirent, et quelqu'un entra. Farfouillant dans mes affaires pour récupérer mes clés de voiture, je n'avais prêté aucune attention à l'inconnu. Je m'en foutais royalement ! Ce n'est que lorsque que j'ai relevé la tête et que j'ai eu le loisir de détailler sa silhouette que je me suis stoppée net. Il sembla le sentir, ne bronchant plus non plus. Lui ? Bordel ! J'étais maudite ! Même dans ce fichu ascenseur je devais l'affronter ?! Ne supportant même plus cette présence, je me jetai littéralement sur les boutons pour appuyer sur celui du prochain étage. Dans mon élan, de nombreux boutons s'enfoncèrent au même moment, provoquant un arrêt brutal de l'ascenseur. « Non... Oh non... » Je me maudissais... Je venais de planter l'ascenseur ! Moi, Kristy Nelson, en voulant fuir, j'avais bloqué l'appareil ! Je m'étais condamnée toute seule ! Je... « Putain de merde ! »

La violence, l’alcool, la douleur tout était bien trop intense pour être supportable et la perte d’Adriel n’avait pas arrangé les choses. E plus de me sentir vide sale et monstrueux je me sentais seul, terriblement seul. J’avais commencé par me noyer dans le travail, puis j’avais cherché la présence de la foule de fan afin de me donner un peu d’importance, mais rien ne semblait efficace. Ce soir j’avais vu le défilé de potentiels bassistes faire leur show mais aucun ne semblait avoir le talent d’Adriel… et si c’était que ça… Comme si j’étais incapable de le remplacer j’avais ejecté les candidats au grand désespoir de Lindsay. Tiens parlons d’elle un peu, elle était étrange depuis la mort de mon ami, comme si elle ne parvenait pas à surmonter la douleur elle agissait comme si cela lui était égal, comme si elle avait une seule peur : celle de ne plus travailler pour les Mystic Dolls. Pourtant j’avais décelé des signes qui me disaient le contraire, mais plus étrange encore elle semblait avoir une toute autre chose en tête. Comme si donner son sang à un vampire faisait d’elle quelqu’un d’important. Je ne parvenais pas à me gérer moi-même et je devais m’occuper d’elle. Me voila coincé dans une impasse.


C’est le cœur lourd et le regard humide que je quittais la salle, je n’étais pas venu en limousine ce soir, même la présence d’un chauffeur était bien trop difficile à supporter. J’avais pris ma voiture de sport, bien que mes déplacements ne nécessitaient pas une voiture je tenais à rester seul et éviter les potentiels fanatiques pot de colle. Lorsque j’arrivais devant l’ascenseur je poussais un profond soupire avant d’appuyer sur le bouton. Je regardais l’écran digital indiquant que l’ascenseur était à l’étage supérieur. Mon portable se mit à vibrer, je regardais l’écran indiquant qu’il s’agissait d’Ashton. Je n’avais pas le cœur de décrocher alors je le laissais sonner. Les portes d l’ascenseur s’ouvrirent la tête basse j’entrais dans la cabine ignorant la personne face à moi mais lorsque les portes se fermèrent son odeur me serra la poitrine. Je l’aurais reconnue entre mille, je levais les yeux pour contempler son visage. Je ne pouvais faire que ça, elle ne voulait même plus m’adresser la parole et je m’étais résigner à abandonner toutes ces nuits à la suivre partout ou elle allait, juste pour capter son image l’espace d’un instant. Les yeux humides, la gorge serrée, les jambes tremblantes je contemplais ce qu’il me restait d’elle, un visage froid et fermé. J’entrouvris la bouche pour lui parler mais seul de l’air en sortit. A quoi bon de toute façon elle n’en avait pas envie. C’est alors qu’elle s’approcha brusquement de moi, pour m’enlacer ? Non…bien sur que non… ma poitrine se compressait un peu plus fort lorsqu’elle appuyait sur les boutons afin de mettre fin à ce supplice. Une violente secousse se produisit et pour une fois ce n’était pas de mon cœur, mais de la cabine qui venait de faire un arrêt d’urgence. « Non... Oh non... » Je plissais les lèvres affichant une petite grimace gênée. « Putain de merde ! » L’étau ressera un peu plus mon cœur meurti, mais je tentais tout de même de lui parler. « Il y a toujours quelqu’un de garde…inutile de paniquer.» J’avançais ma main pour accompagner mes paroles rassurantes mais avant qu’elle ne touche l’épaule de la belle brune, Kristy s’écarta refusant tout contact. Mes yeux s’embuèrent, je les levais au ciel pour tenter de ravaler ses larmes avant de détourner la tête. J’avalais difficilement ma salive lorsque mon portable se mis à sonner une seconde fois. Après un long soupire je décidais de répondre a Ashton. « Oui ? Non ça viens de finir…nan aucun n’a le niveau…ouais ouais je sais… Non elle est rentrée avec la limousine…moi ? ma voiture….nan nullepart je rentres… euh…pas ce soir non…je sais bien que ça fait deux semaines mais….ok ok…ce week end si tu veux… euh on verra hein ! QUOOOI ? T’es sur ? J’en sais rien je connais pas son nom mais écoutes moi bien ! Fais gaffe à toi évites la au possible, elle est…ASH’ ECOUTES MOI !! Elle est tarée et bien plus forte que toi, elle ma pété le poignet en une fraction de seconde juste pour s’amuser soit disant, en un claquement de doigt tu disparais ! Je ne sais pas mais il faut s’en méfier. Promets moi d’éviter cette cinglé ! ok ok. Bon bah passes demain. Salut.» Je fermais les yeux en basculant ma tête en arrière après avoir raccroché, inquiet par la révélation de Ashton, la barbie rodait toujours en ville à la recherches de nouvelles proies. Cela me donnait froid dans le dos. Je replaçais mon téléphone dans ma poche avant de porter mon regard sur Kristy.


Après quelques minutes de silence pesant et douloureux je décidais de briser la glace quitte à me prendre une gifle ou une réplique cinglante. « Tu comptes m’ignorer longtemps ?»
Je m’avançais vers Kristy qui baissait la tête. Je plaçais mon indexe sous son menton afin de lui relever la tête. Mais d’un geste brusque elle repoussa ma main. Ma gorge se serra au point que ma respiration devint difficile, je pensais qu’en expulsant un peu d’air je pourrais parvenir à dégager cette boule dans ma gorge. «Dis moi ce que je dois faire je t’en supplies ! Les excuses n’ont pas suffit, te suivre chaque nuit n’a été d’aucune utilité, te laissait de l’air non plus… Je ne sais plus quoi faire Kristy !» Ma voix était basse tremblante, mon corps tout entier était en train de se faner et bientôt il allait finir desséchée comme des pétales de peau pourri. J’étais perdu, mon cœur me hurlait de lui venir en aide, la douleur état bien trop forte.