Le regard posé sur mon agenda, je fixais ces quelques mots depuis cinq bonnes minutes déjà. Etais-je vraiment obligé de m'y rendre ? Oui, sinon je risquais de me faire passer un sacré savon par mon boss. Je n'avais aucune envie de me rendre à ce semblant d'avant première, cette cérémonie d'inauguration pour un vulgaire disque. Cependant, on m'avait collé entre les mains un pass de journaliste, m'offrant alors l'accès à la conférence de presse. J'allais pouvoir récupérer un maximum d'informations pour les coucher ensuite sur papier et en faire un article piquant pour le journal, comme j'en avais l'habitude. Et je regrettais presque d'avoir une telle plume et un tel style ce soir, car c'était sans le moindre doute ces derniers qui m'avaient mis en avant aux yeux de mon patron pour accomplir cette tâche. C'était pour moi une corvée... Les Mystic Dolls. Pfff ! Quelle connerie ! Soupirant, je prenais néanmoins sur moi et me forçais à me lever de mon fauteuil, rangeant rapidement mes affaires dans mon sac. Il me fallait encore jeter un coup d'oeil à mon reflet dans le miroir, car il était bien évidemment hors de question de se ramener en jeans-converses à une réception de ce genre. J'avais opté pour un pantalon noir et droit, et un chemisier blanc sur lequel contractait un long collier couleur bronze, aux allures abimés et vieillot. Ma tenue n'avait rien de pompeux, mais ne donnait pas dans le négligé, je m'enfoutiste à souhait ! J'allais passé incognito, me fondre dans la foule, récupérer ces banalités et en faire un petit bijou. Je fonctionnais ainsi, surtout lorsque le sujet ne me passionnait pas des masses... Enfin devrais-je dire ne me passionnait plus ? Je tentais en vain de m'en persuader, plaquant un voile d'indifférence sur mon visage. Tout était parfait, mon dictaphone dans la poche intérieure de mon sac, j'étais fin prête.

--------------------

Il y avait un de ces monde ! J'avais la très désagréable impression que j'allais étouffer. Pourtant, j'en avais l'habitude. Me retrouver dans ces réceptions n'était pas rare pour moi, vu ma profession. Pour le coup, je ne pouvais pas l'expliquer. Cela provenait probablement du brouhaha, de l'excitation de tous ces fans, s'agitant pour un rien. A mon arrivée j'avais littéralement été dévisagée, et à la simple sortie de mon pass, j'ai bien cru qu'il en était fini de moi. Ma carrière allait prendre fin sur ce tapis rouge, j'allais me faire étrangler par une de ces hystériques ! Fort heureusement, mes derniers instants n'étaient pas encore pour tout de suite, et j'avais même droit à l'horrible privilège de me retrouver dans ce grand auditoire en guise de récompense. Chouette ! Glissant quelques excuses par-ci, par-là, je me frayais un chemin parmi la foule de journalistes qui s'entassaient les uns sur les autres, désirant obtenir la meilleure place possible. Certains voulait publier le plus beau cliché du groupe, d'autres espéraient retenir l'attention afin de poser une question, et d'autres encore n'avaient d'yeux que pour le leader... Henry Fitzroy. Dire que j'avais décroché un interview de ce type... Comme beaucoup dans cette pièce, j'en avais été ravie, et je n'avais pas manqué de soulever cette histoire de vampire. Pour moi, il n'avait fait qu'entretenir une rumeur, afin de faire sa petite promotion personnelle. Quoi de plus intriguant que ça ? Un buveur de sang sous le feu des projecteurs ! Je devais bien avouer que j'avais moi-même été curieuse et attirée par cela. Au fond de moi demeurait scepticisme et doute, mêlée à de l'amusement...

Qui par la suite s'était bien vite envolé. Je n'étais pas comme tous ces vautours, à l'affût de la moindre révélation. Ils en étaient encore au stade du questionnement et de l'interrogation, quand moi je savais de quoi il en retournait vraiment. Je l'avais vu, de mes propres yeux. Ce visage aux traits froids et crispés, ces pupilles sombres, ces cernes et ces marques, ces crocs... Des frissons me parcoururent l'échine, et je dû fermer les yeux quelques instants. Il était trop tard pour faire demi-tour, bien que l'envie de partir loin d'ici me tiraillait comme jamais. J'en avais même une crampe à l'estomac.
C'est alors qu'une femme s'avança et annonça que la conférence pouvait commencer. Tout le monde se mit à applaudir, et je fis de même pour ne pas me faire remarquer. Etre la seule nana immobile quand tout le monde s'active et affiche un large sourire, ça ne passait pas inaperçu. Je cherchais à faire tout l'inverse, de ce fait, je n'y manquais pas. Il s'était assis, avec cette prestance et ce charme qui lui collait à la peau, éveillant chez moi une indescriptible colère. J'étais haineuse... Alors que j'aurais dû me montrer admirative face à cet homme -cette créature ?- qui m'avait sauvé la vie. Sans lui, je n'aurais peut-être été là ce soir, morte ou bien amochée dans une chambre d'hôpital, sous la surveillance d'un tintement agaçant d'un monitoring. Mais non. Bien que la reconnaissance soit présente, je le fixais avec sérieux ; le visage figé et le regard froid. J'aurais voulu lui glacer le sang en un regard, bien je savais pertinemment qu'il était mort. A sa façon.
Les questions allaient bon train, et je faisais de mon mieux pour rester concentrée. Ajoutant à mon enregistrements mes propres petits commentaires, je laissais de côté mes interrogations. Je ne comptais pas prendre la parole ce soir, et laissait le soin à mes « collègues » de s'en charger. Ils s'en sortaient très bien, et faisait face à la répartie de ce dénommé Fitzroy. Avec ce petit sourire en coin, qui me donnait des envies de meurtre sur sa personne, il répliquait et lançait de fausses invitations à le rejoindre dans sa chambre. Pour rien au monde je ne m'y serais rendue pour ma part... J'avais hâte que cela se termine. Il venait de me repérer, j'avais désormais l'impression d'être seule au monde dans cette pièce. Seules les voix résonnaient. Henry semblait concentré sur moi, n'aspirant qu'à une chose : me voir flancher. C'était trop difficile, je détournais le regard, pour m'empresser de faire demi-tour et quitter cette pièce.

--------------------

Discutant avec une collègue, échangeant impressions et point de vue concernant les dernières nouveautés musicales, je buvais à petites gorgées une coupe de champagne. Bien évidemment, Innocence anima la conversation, nos avis divergeant grandement. Jusqu'à ce que je me retourne, afin de m'emparer d'un petit four sur le plateau qu'on me tendait gentiment, et que je croise son regard. Il ne pu s'empêcher de m'adresser un clin d'oeil et un de ces sourires qui avait le don de m'agacer. Aussitôt, je lui offrit la vision de mon dos, préférant le fuir. Je luttais pour l'éviter au maximum, et ça n'était pas une mince affaire. Il devait s'en amuser, ce qui m'agaçait davantage. Je ne prêtais d'ailleurs plus attention à ce que ma collègue me racontait. J'étais comme captivée par sa présence, attentive au moindre de ses gestes et déplacements. Pourtant, je ne le vis pas venir lorsqu'il s'excusa et me demanda de prendre une photo pour une de ces fans.
« Mais bien sûr ! » -Lançais-je d'une voix trop bienveillante pour être sincère. J'esquissai un large sourire, me moquant presque de cette minette qui désirait tellement poser au côté d'Henry. Pauvre folle ! Avait-elle vraiment conscience qu'en l'espace de quelques secondes il pouvait lui briser la nuque et s'abreuver de son sang ? Cette simple idée devait la faire jubiler de plaisir, quand elle me donnait personnellement envie de vomir. Une fois la photo prise, je lui rendis son appareil, sans prêter attention à la star de la soirée. Je n'en avais pas la moindre envie.

Mais mon indifférence ne semblait en rien le déranger. Je sentais encore sa présence, juste derrière moi. Il ne semblait pas décidé à partir, alors j'allais l'inviter à le faire... Et cela, à ma façon. Récupérant ma coupe de champagne, que j'avais momentanément abandonné à ma collègue, je décidais de me retourner brutalement, sans prévenir, dans le simple but de le percuter. Certes, il devait avoir des réflexes incroyables, mais je doutais fort qu'il en fasse usage dans cette pièce bondée de monde. Entretenir le suspens et le doute sur sa situation devait être plus amusant pour lui, non ? J'espérais pouvoir réussir mon coup. Ni une, ni deux, je me lançais et vint le percuter. Feintant la maladresse, je renversais le contenu de mon verre sur sa chemise.
« Han ! Quelle maladroite ! Je suis désolée ! » J'accompagnais le tout d'un sourire forcé, attrapait une serviette en papier sur un des plateau qui ne cessait d'aller et venir autour de nous, et plaqua cette dernière sur son torse, avant de passer mon chemin et de l'esquiver, pour aller chercher un verre, que cette fois-ci, je pourrais boire.

Je le provoquais sans même m'en rendre réellement compte. Pour moi ça n'avait été qu'un moyen de lui faire comprendre une bonne fois pour toute que je n'avais pas envie de me retrouver à ses côtés, qu'il pouvait aller voir ailleurs si j'y étais et fixer intensément une autre fille, plus potiche que moi. Il y en avait tout un tas qui l'attendait dehors, prêtes à tout pour obtenir le moindre élan d'attention de sa part. Un regard, un geste, peut-être même un mot... Pourquoi moi ? Pourquoi me regarder de cette façon et jouer avec mes nerfs ? Il aimait se heurter à de l'indifférence ? Quoique je ne l'étais pas totalement puisque je réagissais à ses approches. Comme en renversant cette coupe de champagne sur sa chemise. Un bel affront en soi pour la célébrité qu'il était, se devant d'être présentable en tout instant. Je venais de foutre en l'air sa tenue, et j'en ressentais une étrange fierté et un malin plaisir. M'éloignant, je pensais avoir atteint mon objectif : décrocher un semblant de tranquillité pour le reste de cette soirée, qui me semblait interminable. Je m'avançais donc vers un buffet, où je récupérais alors une nouvelle coupe et un petit toast... L'angoisse qui jouait au yo-yo avec mon coeur, me donnait une irrémédiable envie de manger. Pourtant je n'avais pas tellement faim... Le simple fait d'avaler quelque chose me calmait, du moins j'espérais que cela ai cet effet. Il fallait à tout prix que je me détende, sous peine d'éveiller la curiosité et les soupçons de mes collègues. Etant moi-même journaliste, je savais comment ces derniers réagissaient pour la plupart. Toujours à l'affût du moindre indice pouvant conduire à un scoop, attentif et aux aguets. De vrais chasseurs d'informations, qui seraient aux anges face aux détails concernant le véritable chasseur de la soirée. Certes les vampires avaient été acceptés parmi nous, mais on ne les cernait pas forcément, ni même les reconnaissait. Pour preuve, le doute planait toujours au-dessus de la tête de Fitzroy. Pour ma part, je connaissais la vérité, et elle me faisait froid dans le dos.

Alors que j'étais plongée dans mes pensées, un peu rêveuse, on me bouscula d'un grand coup d'épaule. Perdant mon équilibre et manquant de tomber, j'eus le réflexe de me raccrocher à ce qui me tombait sous la main, et ce fut, à mon plus grand malheur, la nuque d'Henry. Sa main venait de se plaquer dans la chute de mes reins, tandis que sa jumelle retenait mon verre à la verticale pour que ce dernier ne se renverse pas. Il affichait un large sourire, qui me fit froncer les sourcils, me donnant un air sévère et peu amical. Il était responsable de tout ça, je lui faisais porter le chapeau sans aucun mal ! « Gnia, gnia, gnia... » -avais-je envie de répondre ; mais prenant sur moi, je me contentais de lever les yeux au ciel.
« Sûrement pas vous, Monsieur Fitzroy. » Car oui, je le prenais pour une chose. Il n'était pas vraiment un homme quand on y réfléchissait bien. Il était une créature, animée par on ne sait trop quelle « magie ». Il me fit une réflexion concernant mon verre, m'annonçant donc à demi-mots qu'il avait cerné mon petit manège, comprenant que je l'avais fait exprès. En même temps, je n'avais pas fait grand chose pour le dissimuler.
« Non, en effet... Je peux y remédier si ça vous ennuis... » -répliquais-je d'une voix presque hautaine. Je me montrais exécrable, j'en avais bien conscience. Mais c'était plus fort que moi, j'étais sur la défensive, craignant l'homme qui me faisait face. Il ne pouvait pas en être autrement, impossible ! Réajustant ma chemise par simple réflexe, et replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille, je lui lançais un regard assassin, tandis qu'il tournait les talons. Le teinturier ? Un bon ciné ? Il pouvait toujours courir ! Son agent se ferait sans doute une joie de claquer de la tune pour faire nettoyer cette chemise, et une quelconque séance de cinéma en sa compagnie ne faisait nullement partie de mes projets.
« … Ou pas. » -soufflais-je tout bas, ne pensant pas qu'il pourrait m'entendre.

Il s'éloigna, me laissant alors seule avec ma coupe de champagne. Je le regardais se diriger vers les ascenseurs, et poussa un soupir. Il me faisait perdre tout bon sens et logique, ça me déroutait. Ma trouille prenait le dessus, et m'amenait à me défendre de la moindre remarque, alors qu'il m'avait sauvé la vie et que j'aurais dû lui en être éternellement reconnaissante. Ce qui bloquait dans mon esprit étaient les raisons qui l'avaient poussé à le faire. Me sauver pour mieux me tuer ensuite ? Il avait un regard de prédateur qui m'effrayait. J'avais l'impression qu'il avait pour seul but de me dévorer. Jetant un coup d'oeil à ma coupe de champagne, je la portais à mes lèvres et en avala le contenu en une seule fois. Les effluves d'alcool me montant rapidement à la tête, je grimaçais et portais ma main sur mon front. Il m'en fallait une autre, rapidement.

Je cherchais du regard un serveur, afin de lui rendre ce verre vide, dans l'espoir d'un récupérer un autre, quand cette voix me ramena à la réalité. Je n'osais même pas me retourner. Il avait été si rapide pour se changer ?! Il n'était visiblement pas seul, puisqu'il donnait la réplique à un autre homme, demandant d'une voix agacée d'arrêter... Quoi ? Je n'en savais rien... La réponse que lui offrit son interlocuteur me surprit. Je m'étais d'abord arrêtée sur le « cinq siècle », qui m'avait quelque peu retourné. Puis s'en était suivit le terme « amoureux », qui semblait pourtant bien incompatible avec le personnage. Lui ? Des sentiments ? Il devait être amoureux de son reflet dans le miroir, oui ! Je tendais inconsciemment l'oreille pour l'entendre lui lancer une réplique cinglante, mais rien ne vint. Un silence, suivit d'une exclamation venant de l'autre personne. Instantanément, je me retournais, et le vit s'éloigner. Je ne l'avais jamais vu réagir ainsi, comme si d'ordinaire laisser le dernier mot était impossible pour lui. Son silence m'avait déstabilisé, alors que je n'étais en rien mêlée à la conversation. D'ailleurs qui en avait été au coeur ? Je n'en savais rien, et ma curiosité maladive avait été piquée à vif. D'après les soupçons formuler par le membre de son groupe, qui je suppose devait bien le connaître, de qui pouvait-il bien être amoureux ?

Toujours avec ma coupe vide dans les mains, je décidais de me diriger vers lui. C'était peut-être une erreur, mais je n'y prêtais pas attention pour le moment. Avoir bu mon verre si rapidement devait avoir quelques effets sur moi, me poussant alors à faire ce que je n'aurais jamais tenté dans un état de sobriété ultime. Il s'était fondu dans la masse, lui qui d'habitude sortait tellement du lot. Sa présence suffisait à ce qu'on le remarque dans une foule. Là, je peinais à le retrouver dans cette grande salle de réception. Peut-être m'attendais-je à le trouver entouré de ces nombreux vautours journalistes. Quand finalement mon regard se posa sur lui, je sentis mon corps tout entier se tendre. J'approchais, à petits pas. Une fois à bonne distance de lui, je me permis de lui adresser la parole. C'était plutôt un comble quand on gardait à l'esprit la manière avec laquelle je m'étais efforcée de le repousser.
« Ce n'est qu'une chemise, il ne faut pas faire la tête pour si peu... » -lançais-je en feintant d'être décontractée. En réalité j'étais bien loin de l'être ! Je faisais surtout mine de n'avoir rien entendu de sa petite altercation avec le guitariste. Pourquoi étais-je revenue vers lui ? Je ne me l'expliquais pas.

Certes, sa chemise n'était peut-être pas responsable de son air blasé... Le voir s'isoler de cette manière m'était encore inconnu. Face à moi, il avait toujours été mis en avant, comme le voulait son statut de vedette. La célébrité du moment ne passait pas inaperçu, et je m'étonnais de ne pas voir un véritable troupeau autour de lui, des femmes semblables à des sangsues. Argent, scoop, notoriété... Elles aspiraient chacune à quelque chose en lui tournant autour, et je doutais fort qu'une seule d'entre elle fut été un jour sincère avec lui, peut-être même un instant. Henry le disait lui-même... Il me dévoilait avec facilité la fausseté de son monde, de ce monde... On le partageait, bien qu'il m'en excluait. Selon lui, je n'en faisais pas partie, et pour une fois, je devais bien reconnaître qu'il avait raison. Loin de toutes ces robes et manières, je me faufilais toujours parmi les convives jusqu'à avoir obtenu suffisamment d'informations pour mon article. Une fois chose faite, je prenais plaisir à prendre un taxi, pour rentrer à la maison et retirer ces escarpins bien trop haut pour mes pauvres petits pieds. Apparemment cela se lisait sur moi, sur ce que je reflétais. Il suffisait d'observer mes sourires en coins qui sonnaient faux et ma tenue pour deviner que je tentais de me fondre dans le décor et non d'être au devant de la scène. Je laissais ces rôles pour des personnalités plus fades et sans grand intérêt. En arpentant cette grande salle de réception, on pouvait respirer l'hypocrisie à pleins poumons. Mais ça ne devait pas lui faire grand chose, lui le vampire au regard à la fois de braise et de glace. Si ces dames repoussaient leur cheveux en arrière et offraient à sa vue et ses crocs un cou lisse et délicat, il y trouvait son compte, non ? Je ne parvenais pas à m'ôter cette vision de l'esprit. Je le voyais croquer ces humains, après s'en être emparé avec force. Je me faisais mon petit et sinistre scénario, dont il était l'acteur principal. Le champagne que j'avais pu ingurgiter me donnait certes le courage et le sourire nécessaire pour lui adresser la parole sans me montrer agressive, mais il n'effaçait pas pour autant mes appréhensions à son égard.

Henry semblait se dévoiler, ce qui me surprenait. Néanmoins, mon instinct de journaliste s'empressa de prendre le dessus et le dissimula. Qui sait, peut-être allais-je apprendre quelque chose de nouveau sur sa personne ; quelque chose que mes collègues et concurrents ne pourraient pas publier, faute d'avoir eu l'information. Après un semblant d'invitation, il en vint à me suspecter de tendre l'oreille pour mon simple profit. Je venais tout juste d'y penser, et ne pu qu'en conclure que j'étais trop prévisible. Ca ne me ressemblait pas. Je devais inconsciemment prendre exemple sur cette foule de menteurs et d'hypocrites qui se tenaient non loin de nous. D'ailleurs, ils ne tarderaient pas à me regarder de travers si je ne m'étais plus d'entrain et d'énergie à lui répondre, comme l'aurait fait n'importe quel journaliste à ma place.
« Parce que me faire plaisir fait partie de vos projets, Monsieur Fitzroy ? » -demandais-je, après avoir bu une nouvelle gorgée de champagne, qui n'arrangea en rien mon état. Il ne m'avait pourtant pas laissé le temps de répondre directement, enchaînant avec de nouvelles questions. Je prenais tout mon temps, et ne me privais pas de le faire pour autant. Un sourire amusé -si ce n'est simplement alcoolisé- se dessina sur mes lèvres rosées.
« Moi ? Peur de ce que je suis ? Et puis quoi encore ? - Je me rapprochais légèrement, pour poursuivre plus bas. - Ce n'est pas moi qui doit me plier à un répugnant régime alimentaire Henry. Vous avez bien plus de force que quiconque ici, et seriez capable de me briser en deux comme une vulgaire allumette. » Et j'avais raison. A ses yeux je devais représenter une simple brindille, que l'on pouvait écraser en un claquement de doigts. Je n'étais rien, insignifiante et inoffensive. Je me demandais d'ailleurs pourquoi j'étais encore de monde, avec tout ce que j'avais pu voir. Il m'avais sauvé la vie et j'avais été témoin de cette incroyable force qui l'habitait. Cela se voulait être assez effrayant pour moi, je craignais ces créatures, ces êtres, ces... monstres ?

Ils n'en étaient pas tous, me murmurait Henry. Et cela avoir soulevé une interrogation qui me trottait dans la tête depuis un moment déjà. Pourquoi m'avoir sauver la vie ? Il suffisait d'un rien pour qu'il me la reprenne. Et puis, n'était-ce pas ainsi que se comportaient les vampires ? N'étaient-ils pas de redoutables chasseurs, se fondant dans les populations humaines pour mieux s'en abreuver ? Ces quelques mots à mon oreille m'arrachèrent des frissons, qui me traversèrent le corps, se baladant le long de mon dos. Il était à présent tout près de moi, je pouvais sentir son souffle chaud contre ma peau dénudée, et me demandais si d'une seconde à l'autre il lui prendrait l'envie de me mordre.
« Je n'en sais rien. A vous de me le dire... » -répliquais-je, à voix basse, avec la plus grande honnêteté qui soit. C'était bel et bien vrai, je ne connaissais pas la réponse à cette question. Il devait bien l'avoir, lui... Il se recula, levant son verre empli d'une drôle de substance. Du sang ? Je détournais le regard, alors qu'il trinquait avec moi. Il affichait de nouveau ce sourire, qui cette fois-ci ne m'excéda pas. Je n'avais pas envie de me jeter -inutilement- sur lui pour tenter de l'étrangler. Au contraire, je le lui retournais, levant légèrement mon verre. J'étais sérieusement alcoolisée... Pauvre fille !

Les conversation avec Henry avaient toujours le don d'être quelque peu piquantes. L'un comme l'autre, on s'efforçait de donner la réplique, de ne pas laisser le dernier mot. Et je peux me permettre de dire que je m'en sortais plutôt bien. Je parvenais à le confronter à des questions auxquelles il ne devaient pas vraiment s'attendre, et dont les réponses m'intriguaient drôlement, soit dit en passant. Pourquoi se priverait-il de me faire plaisir ? Peut-être pour le sien, pour sa tranquillité. Et puis croquer une journaliste ne devait pas lui être totalement inconnu, alors il pouvait bien ignorer royalement les états d'âmes et de la carrière de la petite brunette que j'étais. Je haussais simplement les épaules en guise de réponse, le laissant imaginer les quelques raisons envisageable dans un tel cas. Je tenais toujours cette coupe de champagne, dont le contenu descendait à une vitesse folle. A croire qu'il était impossible d'étancher ma soif, et qu'une simple gorgée me donnait davantage l'envie de la vider. L'alcool me montait doucement à la tête, sans que je ne m'en rende réellement compte. Cette douceur n'était qu'une traitresse, qui me portait vers un comportement bien trop décontracté alors que je me trouvais aux côtés de Fitzroy. Le voir notamment boire ce liquide rouge tout en oubliant cette boisson SAP, imitant le sang humain, ne m'inquiétait pas plus que ça... Etais-je devenue folle ? Inconsciente sans le moindre doute ! Quelques frissons me parcouraient la totalité du corps, se répandant de ma tête jusqu'à mes pieds. Et comme s'il avait pu le déceler, une étincelle vint éclairer ses pupilles. J'étais comme hypnotisée, après avoir littéralement plongé mon regard dans le sien. Trinquer avec un vampire me semblait tout naturel, alors qu'en réalité je craignais ces êtres que je jugeais imprévisibles et dangereux.

Henry me confiait sans mal que lui-même ne savait pas vraiment pourquoi il m'avait sauvé la vie. Cela devait-il me rassurer ? Pas le moins du monde. Néanmoins les effluves de l'alcool me rendait joyeuse, et je prenais ces propos sur le ton de la plaisanterie. Non, sur le moment, je ne le prenais pas au sérieux. J'étais un peu à côté de mes pompes, larguée. Je n'avais pas tellement bu pourtant ! Je ne tenais pas l'alcool, c'était à présent un fait indéniable. Et je riais légèrement quand il me proposa de réfléchir avec lui. Il devait bien se douter que je n'étais pas dans mon état normal. L'attitude glaciale que j'avais adopté à son égard depuis que nos regards s'étaient croisés avait littéralement fondu comme neige au soleil. Pouf ! Plus rien !
« Bien sûr ! Je vous ferais signe quand j'aurais une quelconque hypothèse pouvant l'expliquer ! »
Tout mon sérieux revint lorsqu'il se rapprocha de moi. Lorsqu'il réduisait la distance entre nos deux corps, le mien se tendait légèrement et ma respiration s'accélérait imperceptiblement. Du moins pour le genre humain, car il m'en faisait déjà la remarque. Je lui lançais un regard un peu étonné, ne saisissant pas tout ce qu'il me racontait, puis le laissa alors poursuivre. Voilà qu'il m'expliquait que les animaux avaient un sixième sens, que la peur était savoureuse. Alors il se percevait ainsi ? Comme une bête ? Moi qui considérais ses congénères comme des monstres, l'animal semblait être un bon compromis. Le statut d'homme était tellement loin de ce qu'ils étaient. De véritables cannibales finalement...
« J'en doute... » -lançais-je d'un ton bien moins amusé. La peur ne me plaisait pas, et je l'affirmais. Je tombais pourtant d'accord avec lui sur le fait que j'avais de la chance. Il n'avait pas soif, et j'étais en sécurité. Du moins, mon état me laissait croire que je l'étais, me faisant sombrer dans une insouciance telle que j'étais prête à passer le reste de la soirée en sa compagnie. A cet instant précis, ses crocs ne m'effrayaient même plus. J'étais un peu stone à vrai dire.

Je n'eus même pas le temps d'assimiler ces dernières paroles concernant son éventuel rôle de superman, que je m'arrêtais déjà sur sa proposition. Une nouvelle coupe ? J'esquissai un ravissant sourire, remarquant tout juste qu'en effet, mon verre était vide. J'acceptais avec plaisir, quand quelqu'un vint nous interrompre, s'incrustant alors dans notre conversation. Je reconnaissais alors son bassiste, bien qu'il me tournait le dos. Il semblait bien excité, racontant ce qu'il venait de faire à Henry. Cela me donnait l'impression d'avoir en face de moi deux frères. Etait-il comme lui ? Ou bien vivait-il avec ? Dans l'ignorance peut-être ? Je ne savais pas grand chose au sujet d'Adriel, mais ça n'était pas maintenant que je m'en montrais plus curieuse. Là, je m'emparais d'un nouveau verre. Quand il se décida finalement à me faire face, réalisant alors que j'étais là, je lui adressai un léger sourire amusé. Voilà qu'il me présentait ce qui semblait être des excuses, prétextant avoir un humour quelque peu douteux. Je hochais légèrement la tête, sans perdre mon sourire.
« Tout le plaisir est pour moi Monsieur Wattleton. » -lançais-je toujours sur mon petit ton guilleret. Il se retourna à nouveau, adressant quelques mots à Henry, que je n'ai pas entendu. Tranquillement, je sirotais mon champagne, baladant mon regard un peu partout autour de moi. On me lançait des sourires, que je jugeais bien hypocrites mais que je retournais avec autant de fausseté.

[C'est tout décousu, désolée... :sad: ]

Un scoop ? De l'année en plus ? Où ça ? J'étais complètement déboussolée. En fait, j'avais carrément un train de retard. J'avais même l'impression d'être sur un petit nuage de coton. C'était doux, confortable, et surtout bien loin de la planète terre ! J'étais à mille lieux de la réalité. Les bulles de champagne devaient avoir migré jusqu'à mon cerveau, puisqu'un semblant d'euphorie avait désormais pris possession de mon corps. Un sourire s'était figé sur mon visage. Pas de ceux qui se veulent crispés, ni faux... Il était sincère et franc. J'étais bien, avec ma petite coupe à la main, alors que les deux hommes échangeaient quelques mots entre eux. D'ordinaire, et surtout sobre, j'aurais eu l'impression d'être de trop, et très vite je me serais éclipsée. Là, je baladais mon regard autour de moi, sans même y prêter attention. Ils auraient pu se lancer dans un débat de plusieurs heures, repartir pour donner des interviews que je ne l'aurais même pas remarqué. Jusqu'à ce qu'ils se tournent de nouveau vers moi, me rejoignant avec un verre chacun. Chouette ! Je n'allais plus être seule à boire ! A la question d'Henry, je ne pu m'empêcher de rire légèrement. Comment ?! Une star comme lui ne connaissait pas les petites bulles dorées ? Je le fixais en haussant arquant quelque peu les sourcils. La moue d'Adriel m'intrigua aussi. Lui non plus n'avait pas tellement d'avis. Il me laissa d'ailleurs répondre.
« Ca pétille, c'est sucré et à la fois... Enfin... Il suffit de boire pour se faire sa propre idée ! » -concluais-je, accompagnant mes mots par un léger clin d'oeil. Je déraillais... Mais ça faisait un bien fou, je devais bien l'avouer ! Je n'étais pas tendue, ni même angoissée, alors qu'à mes côtés se trouvait un vampire. Je n'avais plus tellement de retenue ; bien au contraire, je me laissais aller. La seconde réflexion d'Henry me décrocha un nouvel éclat de rire. Je n'étais décidément pas dans mon état normal. Le simple fait d'entendre le bassiste sur enchérir en prétendant être craquant, n'arrangea rien. Je les fixait, imaginant Henry dévorer son collègue et ami comme un gosse qui prendrait plaisir à savourer une friandise. La représentation que s'en faisait mon esprit embrumé était des plus amusante. Pas de sang, de cris, de douleur. Enfin j'étais bien loin de penser qu'ils étaient de la même espèce. Adriel, sous ses traits fins et angéliques, inspirait la confiance. On ne pouvait pas soupçonner quoique ce soit à son sujet. D'ailleurs, cette image trop lisse aurait dû m'interpeller. Trop alcoolisée et donnant le bon dieu sans confession au jeune homme, je n'y prêtais pas tellement d'attention. Je lançais un regard à Henry, attendant de voir sa réaction une fois la première gorgée prise.

Mais je n'eus pas le plaisir de me délecter de la première grimace qu'accompagne la découverte du savant mélange entre amertume et douceur sucrée qu'offre le champagne. Leur manager venait de le stopper, avec autorité. Elle préférait lui commander un vers de SAP. Je la dévisagea, étonnée de la voir les materner ainsi. Après tout, il faisait bien ce qu'il voulait, non ? Apparemment non. Si ces quelques instants marquaient ma mémoire, je me voyais déjà en faire le récit, avec une petite touche d'humour dans mon prochain article. Visiblement plus sûr de lui, Adriel se rebella et la renvoya. J'esquissai un léger sourire, et me tournais vers Henry.
« Sympa votre... maman ? » Simple élan de provocation de ma part. Cependant, je n'allais pas plus loin, me doutant que cette intervention n'avait pas dû lui faire plaisir. Le portrait que faisaient certains magazines sur sa personne mettaient en avant une fierté sans nom. L'alcool n'allait pas suffire pour m'emmener à de telles provocations. Face à cette homme qui ne savait même pas pourquoi il m'avait sauver la vie, je préférais rester prudente.
« Je ne manquerais pas de le faire... » -lançais-je à l'égard d'Adriel. Ce dernier s'intéressa alors à ce que je faisais. J'eus à peine le temps de commencer à lui expliquer vaguement ma fonction au sein du journal pour lequel je bossais, que le guitariste de leur groupe vint m'interrompre. Je ne sais pas si ce n'était qu'une impression, mais un froid s'installa entre nous tous. La simple présence de cet individu me mis mal à l'aise. Gardant un sourire hypocrite, je faisais comme si tout allait pour le mieux. Il me faisait un peu peur... Il me salua, laissant de côté Adriel et Henry, et ne perdit pas de temps pour m'inviter à dîner. Bégayant quelques mots, j'avais dans l'espoir de voir l'un de deux hommes venir à mon secours. Adriel s'en chargea, tentant d'emmener le dénommé Ashton plus loin. Rien à faire, il n'en démordait pas. Il voulait être ici, et m'inviter, cherchant à obtenir un oui de ma part.
« Euh, peut-être oui... C'est à voir... » répondis-je en terminant ma coupe de champagne comme pour essayer de me calmer. Je repensais aux mots d'Henry, concernant la peur et l'instinct animal. Il fallait que le champagne me fasse littéralement décoller pour en oublier mes craintes. Il fallait que tout cela passe inaperçu. Autant dire que j'étais dans la m*rde !

Mais ce qui suivit me laissa sans voix. En un rien de temps, trop peu pour que je puisse vraiment réaliser ce qui se passait, Adriel et Ashton en vinrent aux mains. Le jeune bassiste venait de faire un vol plané, et tentait de riposter avec une chaise. Moi, je restais là, à regarder le massacre, me demandant si je n'étais pas à la base de tout ça, et donc responsable. Après tout, sans ma présence il n'y aurait pas eu d'invitation, donc pas de dispute de ce genre. J'ouvrais de grands yeux, surprise, espérant qu'il n'arriverait rien à ce si gentil Adriel. Il ne manquerait plus que l'autre brute lui pète une côte ou un bras ! Témoin de cette scène qui m'insupportait, je tentais de m'opposer. Mais qu'avais-je cru ? Une brindille de mon gabarit n'allait rien y faire ! Mais j'étais saoûle, et je n'avais pas conscience de tout ça. Bousculée avec force, je perdis l'équilibre et m'écroulai au sol... Mon réflexe fût de me retenir avec mes mains, mais la violence de ma chute fit que mon poignet ne supporta pas mon poids et un craquement parvint jusqu'à mes oreilles. Aussitôt une douleur indescriptible se fit sentir. J'avais mal... Mon poignet venait de se briser. Je restais au sol, me redressant légèrement tout en le serrant fermement de mon autre main. Des cris retentissaient dans la grande salle de réception. Les maux avaient momentanément chassé ma peur.

Sale inconscient ! La salle est pleine et il s'attaque à moi. Soit dit en passant, je l'ai cherché. J'en étais fier jusqu'à ce qu'Ashton s'en prenne à Kristy. Involontairement, mais si je n'avais rien fais, elle ne serait pas là, sur le sol. Je me suis relevé, prés à encaisser un nouveau coup de sa part. A l'extérieur ! Plus devant cette foule. Nous en avons trop fais, je doute être en mesure de me contenir encore longtemps. Une voix sourde, profonde, vint nous couper le souffle. La colère d'Henry venait de se réveiller. Je sens la peur grandir petit à petit dans mon petit corps frêle. Minuscule. a côté de lui je me sens comme une vulgaire mouche. Je me tiens droit, comme un enfant attendant sa punition. Imbécile ! Ca t'apprendra ! Une haine profonde s'empare de moi, je serre les dents. Le mettre en pièce, c'est ce que je ferai un jour. Je m'adoucis lorsque Kristy est déposé avec empressement dans mes bras. Je ne prête plus attention à ce qu'Henry compte faire. Le poignet de Kristy semble brisé. Je rumine intérieurement, secouant la tête de gauche à droite. Une humaine blessée par ma faute. Je maintiens son poignet à l'aide d'une de mes mains, le frais de ma peau ne pourra qu'apaiser cette douleur. La voix forte du chanteur résonne dans toute la salle, je n'écoute pas. Le cœur de mademoiselle Nelson bat à toute allure, elle a peur. Compréhensible ! Avec un fou comme Ashton et maintenant Henry dans tout ces états. Je pose mon autre main dans son dos lui indiquant d'un geste qu'elle n'a pas à s'en faire. Mes gencives me démangent, si je n'arrive pas à contenir toutes cette colère la soirée d'être un véritable cauchemar. Je soupire. Concert reporté ! J'imagine déjà la tête des jeunes filles qui campent depuis hier.

Henry est à présent devant nous. Il ne bouge pas. Oui, calme toi. Sinon tu risques de tuer quelqu'un. Il me jette un regard accusateur, auquel je répond en baissant les yeux tel un chiot apeuré. Il saisit d'un geste vif le poignet et la main de Kristy. Dans un craquement peu agréable les os récupérèrent leur place initiale. Stupéfait je fixe Henry, ça, sans anesthésie ! Sur une humaine. Fou. Ma main reprend sa place initiale sur le poignet de la jeune femme, la grimace sur son visage ne prédit rien de bon.

"C'était vraiment pas le moment !"

Je fronce les sourcils. Sévère je toise le chanteur. Les reproches, une autre fois. Là je ne suis pas d'humeur chantante.

"Je ne relèverai pas ce que tu viens de dire." répondis-je d'un ton sec.

Des flash. Encore des flashs. Les paparazzi reprennent su service ! Yououh. Comme un troupeau d'autruches affamés, les journalistes se ruent sur nous, stylo et bloc note en main. Le Brouhaha qui se dégage de la foule est incompréhensible. " Monsieur Fitzroy, qu'avait vous à dire en ce qui concerne l'altercation entre deux membres de vôtre groupe ?!" ... "Pensez-vous que le concert sera remis à un autre jour ?" ... "Monsieur Wattleton, vous battiez vous pour une jeune femme ?"... "Monsieur Fiztroy, La jeune femme ici présente serait elle la cause d'un tel désastre ? Que comptez vous faire ?" ... "Les Mystic Dolls est-il un groupe en train de périr ?" Les journalistes ne semblent pas avoir reconnu leur collègue pour le moment. Tant mieux, pour elle. Nous n'avons même pas le temps de répondre, les questions s'enchaine aussi stupides les unes que les autres. "Penser vous qu'il est judicieux d'avoir un groupe mixte, j'entend par là mélangeant Vampire et Humain ?" ... "Adriel a t-il était blessé ?" ... Les flash ne cessent pas, j'essaye tant bien que mal de masqué Kristy en me positionnant devant-elle, laissant les journalistes photographié mon dos. Imbéciles. Je les hais. Linsey arrive. Notre Sauveuse ! Reine des journalistes ! Se mettant entre Henry et la foule de journaliste, sa voix forte masque les autres."Du calme s'il vous plait ! Monsieur Fitzroy se ferra une joie de répondre à toutes vos questions, dans le calme et un par un ! Mais d'abord laisse lui du repos." Les sangsues à la pêche au gros scoop n'en n'ont que faire de ce que Miss peut dire. Les questions recommencent. Fatiguée Linsey se tournent vers nous, nous disant à voix basse sur un ton tout de même furieux."Emmenez Mademoiselle Nelson dans votre suite, il ne manquerait plus qu'on la reconnaisse !" Belles paroles de mon agent favoris ! Maintenant toujours le poignet de Kristy, je suis henry qui ouvre la marche. La montée en ascenseur fut des plus froides et des plus interminables. Henry fixe la porte, aucuns son n'émane de son corps. Moi, je me tais.

Suite 308 ! Henry glisse la carte magnétique dans la fente. Un clic, la porte s'ouvre. J'entre, en compagnie de Krity, je n'ai toujours pas lâché son poignet. Une voix"Les journalistes vont vouloir voir vos crocs de plus près Mr. Fitzroy !", la porte claque. J'arque un sourcil, me retournant j'observe que je suis seul avec la demoiselle dans la suite. Je ne cherche pas à comprendre, trop préoccupé par la santé de la jeune femme.

"Asseyez vous là." Lui dis-je d'un ton presque inquiet.

Je jette ma veste qui atterrit sur le sol. Je remonte les manche de ma chemise blanche découvrant mes tatouages, tout en déboutonnant les boutons du haut. De la glace. Il me faut de la glace. Je me précipite à pas d'humain vers le mini bars, j'attrape un mouchoir un tissus de ma poche glissant des glaçons à l'intérieur. De nouveau face à la jeune femme, je m'agenouille me mettant à sa hauteur. J'appuie le tissus froid sur son poignet. Fautif, j'essaie de faire tout ce que je peux pour calmer sa douleur et également ses pensées.

"Vous voulez manger quelque chose ? Suis-je bête, bien sur que oui."

Sans attendre une réponse de sa part, je décroche le téléphone appelant le service d'étage. "Oui, je prendrai tout ce qu'il y a sur votre carte... Qu'importe tant que ça se mange !" Je me remet à genoux face à elle. Son poignet est légèrement rouge. Je marmonne. Avant de la fixer le regard inquiet. Si je ne prend pas soin d'elle Henry serai capable de me réduire en miette !

"Je m'excuse pour ce qui s'est passé. Si j'avais été plus intelligent, vous n'auriez jamais eu à subir tout ça."

Au sol, je ne sentais plus que cette lancinante douleur qui me prenait le poignet, remontait le long de mon bras et s'étendait jusqu'au bout de mes doigts. Je n'avais même plus conscience de ce qui se passait autour de moi tant ce craquement m'avait fait souffrir. Les maux perduraient, je m'étais sans doute cassé le poignet. Peut-être simplement luxé... En tout cas cela faisait un mal de chien, et je grimaçais comme jamais, incapable de bouger. Je me tordais presque de douleur par terre, priant silencieusement pour que tout cela s'arrête. Après un grondement sourd que je ne saurais décrire avec précision, c'est une voix grave qui me figea sur place. Relevant la tête, je pu voir Henry. Ce dernier s'était comme métamorphosé, laissant apparaître colère et rage sur son visage aux traits d'ordinaire si fins... Ses yeux étaient devenus si noirs, cernés d'une teinte violacée qui m'arrachèrent quelques frissons d'horreur. Ses lèvres s'étaient retroussées sur ses crocs. L'image même de ces créatures que je redoutais tant venait de m'être imposée. Je ne pouvais pas la fuir, seulement en avoir peur. Henry m'effrayait.

Il s'était avancé jusqu'à moi, se penchant pour me remettre sur pieds et me confier à Adriel. Je n'osais même pas bouger, craignant qu'il ne me brise en deux dans un élan de colère. Je n'étais rien entre ses mains, insignifiante et vulnérable. Mon poignet me faisait souffrir, mais je serrais les dents et m'efforçais de ne pas ne me montrer trop vive et agressive sous les effets de la douleur. Je ne voulais pas qu'il me brise la nuque parce que ma main valide aurait malencontreusement rencontrée sa joue. L'état de son visage m'impressionnait tellement que je n'osais même pas le toucher. Sous la protection d'Adriel, je tentais de me calmer. Il maintenait fermement mon poignet et sa peau fraîche et douce m'apaisèrent un peu. Ca n'avait rien de miraculeux, j'avais toujours l'impression que mes articulations venaient de finir en compote, néanmoins, la douceur du jeune homme m'aidait à le supporter. J'avais mal, mais je ne pouvais pas m'empêcher de tourner la tête en direction de cette brute d'Ashton, maintenu à quelques bons centimètres du sol par Henry. Ils s'éloignèrent, alors qu'une foule de murmures et chuchotements se répandaient dans la salle de réception. Les témoins de l'incident échangeaient commentaires et impressions, alors que moi, je revenais sur cette incroyable douleur. Jusqu'à ce qu'Henry nous retrouve. Je ne pu que remarquer ses pupilles d'un noir intense. Je ne m'attendais pas à ce qui a suivit. En l'espace de quelques instants, il s'empara de mon bras, saisit ma main, et tira d'un coup sec dessus. Impossible pour moi de retenir un gémissement, si ce n'est un cri, de douleur. Les larmes me montèrent aux yeux, menaçant de rouler sur mes joues rosies par les effets du champagne. Je me pinçais les lèvres, cherchant désespérément à estomper ces maux. J'allais jusqu'à me mordre l'intérieur des joues pour ne plus penser à mon poignet. Etait-il fou pour me manipuler ainsi ? Je n'étais pas de ces poupées insensibles et robustes qui pouvaient appartenir à son espèce.

Des flashs vinrent alors m'éblouirent. Ils m'en donnaient presque mal à la tête... Ils crépitaient comme de vulgaires étincelles, prêtes à déclencher un véritable incendie. Me planquant derrière Adriel, je m'efforçais d'être discrète. Les journalistes étaient de vrais rapaces. J'étais comme ça moi aussi ? J'en doutais... Et pourtant c'était l'image qu'il me renvoyait de ma propre profession. L'agent du groupe vint alors à notre secours, envoyant les deux artistes dans leur suite, et leur demandant au passage de m'y conduire moi aussi. Je savais que je n'aurais pas dû venir, quitte à trouver une excuse passablement bidon, et me faire jeter comme du poisson pourri par mon employeur. Je n'aurais pas fini avec un poignet en miettes. Sans un mot, toujours tout près d'Adriel qui m'aidait du miens qu'il pouvait, je les suivais... Une fois arrivés devant la porte de la chambre, qu'Henry prit soin de déverrouiller, j'emboitais le pas au jeune bassiste. Mais une fois le seuil passé, je me retournais. Faisant face à Henry, m'armant de tout le courage qu'il me restait, je plantais mon regard dans le siens.
« Les journalistes vont vouloir voir vos crocs de plus près Mr. Fitzroy ! » Et là, je claquais la porte. Il m'avait collé une trouille indescriptible, et je n'avais sans doute pas supporté de voir à nouveau ces visage crispé de colère. Même s'il avait stoppé le dénommé Ashton, inconsciemment je lui en voulais un peu. Le champagne m'avait permis de me détendre, de m'adresser à lui comme à un homme lambda, et il n'avait pas perdu de temps pour me remettre face à la réalité. Il était un vampire. Il m'effrayait.

Me retournant à nouveau, suivant Adriel qui n'avait pas lâché mon poignet, je m'exécutais et m'asseyais. Il semblait un peu inquiet, alors que je demeurais déboussolée et ailleurs. Quelque peu sous le choc de tout ce qu'il venait de se passer. Ma main blessée reposait sur mes cuisses, alors que je détaillais Adriel. Il se voulait au petit soin pour moi, s'affairant à trouver de la glace pour me soulager. Je grimaçais lorsque le tissu froid se posa sur mon pauvre poignet. Il était des plus attentionné, ne me laissant pas le temps de répondre lorsqu'il me demanda si j'avais faim, et me décrochant un sourire en commandant toute la carte du restaurant.
« Ca n'était pas la peine... » -lançais-je avec un léger sourire en coin, tout en désignant le téléphone du room service d'un signe de la tête. Adriel en vint alors aux excuses, et je haussais les épaules en guise de réponse. Il n'était pas plus responsable que moi. Après tout, si je ne m'étais pas interposée, si je n'avais pas été là, rien de tout ça ne se serait produit.
« J'aurais pu être plus intelligente moi aussi, vous n'êtes pas responsable... » Champagne à gogo, inconscience, et voilà qu'on finissait avec un poignet en moins, ou alors en simple kit. Bof !

Rarement inquiet, je ne me comprend pas. Pour une femme que je ne connais pas ! Les circonstances doivent y être pour quelque chose. Mes excuses n'ont rien d'étonnantes en revanche. Au contraire ! « J'aurais pu être plus intelligente moi aussi, vous n'êtes pas responsable... » Je grimace. La demoiselle n'a strictement rien fais ! Rivalités entres vampires, voilà l'explication. Laissez deux vampires dans une pièces et une jolie fille, cinq minutes plus tard; deux morts. Nous sommes des êtres étranges, nous vivons selon nos désirs, nos pulsions. Qu'est ce qui nous anime à part ça. Rien. Debout devant elle à présent, je me rhabille. Débraillé devant quelqu'un je ne supporte pas. Boire. Envie soudaine, j'attrape la bouteille de champagne se trouvant sur la table basse. Une fois ouverte je verse le liquide couleur or dans deux coupes, en buvant une cul sec. Du calme, il me faut du calme. Mes fesses se posent non loin de Kristy sur le canapé. Mon regard se fait soucieux.

"Votre poignet ça va ?"

"Si on enlève l'impression d'avoir un poignet en pièce détachées, ça va..."

Il n'y a rien à faire. Un médecin peut-être. Mieux, les urgences ! Prêt à remettre ma veste, je demande une nouvelle fois.

"Je vous emmène aux urgences, y'en a pas pour longtemps. Cinq minutes en voiture. Je ne vais pas vous laissez souffrir de la sorte !"

"Ca va, je vous assure... Je passerais à l'hôpital une fois que le calme sera revenu... Seulement... Je ne voudrais pas voir ma tête à la une des journaux..."

Sa voix quasi suppliante m'obligeant à reprendre mon calme. Je vais tout de même pas la prendre en otage et l'obliger à aller se faire soigner ! Je me sert une nouvelle coupe, la vidant cul sec une nouvelle fois. Ce n'est pas que cette mixture est des meilleure, mais le SAP m'est interdit ! Et dévorer un humain encore plus. Mes doigts s'emmêlent dans mes cheveux, les mots ne viennent pas. Meubler une conversation dans de telle conditions, ce n'est pas ma tasse de thé. "Dis-moi... Comment fais-tu pour rester si serein ? Vivre avec... Eux... Ce n'est pas trop difficile ?" Etonné, ou plutôt concentré sur autre chose. J'arque un sourcil, je la fixe de mes yeux bleus comme un enfant qui n'aurait pas compris la question. Etrange question d'ailleurs. Je répond, avec sincérité.

"Serein, je ne le suis pas. J'essaie, tant bien que mal. S'ils le voulaient ils me tueraient en moins d'une seconde, je leur cache ma peur, tout en me la cachant à moi même. Ce n'est pas la première fois qu'Ashton s'en prend à moi... Et c'est difficile, crois moi. Mais je m'en sors plutôt bien pour le moment..."

Ah ça oui ! C'est dur de vivre avec des vampires, surtout avec des specimen comme Ashton. La rivalité est une chose courante chez nous, les bagarres également. Surtout moi, j'ai le don de m'attirer les pires ennuis ! Je n'attend aucunes réponse de la part de Kristy. Etrange & Piquant est devenu mon ami. Je ne peux m'empecher de regarder la jeune femme, préoccupé. Comment va t-elle régair face à Henry maintenant.

"Je m'excuse à nouveau, ne met pas ce qui s'est passé sur le dos d'Henry."

"...D'accord... Si tu veux... Je ne le ferais pas."

Le biip de la porte. J'observe. La bête de scène entre dans la chambre, TADAAAAAMMM ! CONCERT ANNULE ! Renversant sa coupe de champagne sur sa chemise, il fit volete face heurtant la porte de plein fouet. Bourré ? Mr Fitzroy avec un taux d'alcolémie largement supérieur à la moyenne !! Choqué, incapable de prononcer le moindre mot. J'observais la scène désastreuse. Un rire eu envie de s'échapper de ma bouche. Depressifs ? Il a bu ? Mais ... Combien de bouteilles ! Je ne sais pas si je dois avoir peur, ou me mettre à rire. En d'autres termes, je suis perdu. Le reste de la soirée risque d'être des plus mouvementé ! Je me lève, m'avance vers le chanteur, lui enlevant cette coupe de champagne des mains, il ne manquerait plus qu'il continu le fou !

"Je pense que tu as assez bu pour ce soir."

Sans prévenir, les deux mains d'Henry se plaquent sur mon torse me poussant fortement. Je pers l'équilibre et atterrit sur le sol. Ok ! La coupe de champagne brisée dans ma mains, des éclats de verres transpercent ma peau, une grimace se dessine sur mon visage. Qu'est ce qui lui prend. Je me relève. Henry revient vers moi, me pousse à nouveau, mollement. La colère grimpe en flèche en moi, essayant de dire quelques mots, le chanteur m'en empêche posant son index sur ma bouche tout en disant : "Chuuuuuuuuuuuuuuut". Un rire s'échappe de sa bouche. Il me laisse là. S'éloignant pour adresser quelques mots à la journaliste blessée. Je ne dis rien, regardant ma main pleine de sang. Je ne toucherai à rien. Aucune douleur mais cela reste désagréable !

« Votre poignet, ça va ? » Je lançais un regard au dit membre, grimaçant légèrement. J'avais connu mieux ; bien mieux. Une douleur lancinante s'était emparée de mon poignet et je m'efforçais de rester immobile pour m'épargner au maximum. Ca n'était pas une mince affaire. J'avais mal, mais je serrais les dents.
« Si on enlève l'impression d'avoir un poignet en pièce détachées, ça va... » répondis-je en tentant d'être la plus convaincante possible. Se montrer légère devait m'y aider, bien que je n'avais envie que d'une seule chose : qu'on me coupe la main pour abréger mes souffrances. Qui sait, peut-être qu'avec cette dernière en moins, je me sentirais mieux. Certes cela risquerait de faire mal sur le coup, mais après... Bref, je divaguais encore un peu, sous les derniers effets du champagne que j'avais absorbé durant la réception. Et voilà qu'Adriel voulait m'emmener aux urgences. Son inquiétude me touchait, mais je déclinais poliment son offre. Je ne me voyais pas traverser une foule de journalistes dans le hall, malmenant une nouvelle fois mon poignet, pour arriver plus vite au service des urgences, qui comme à son habitude serait surchargé de monde. Passer un temps fou dans une salle d'attente, ou bien rester sagement ici pour atterrir demain matin dans un service adapté ; le choix était vite fait ! J'esquissais un sourire que je voulais rassurant, et cherchais du regard une quelconque trousse de secours en direction de la salle de bain. Il me fallait de la bande, à défaut d'avoir une atèle. En maintenant fermement mon poignet, je partis à sa recherche. Rien... En même temps, j'avais eu de l'espoir !

Adriel me faisait envie avec sa coupe de champagne, puisque peu à peu je reprenais mes esprits, et la douleur cognait bien plus fort. Mais je me le refusais. Si on venait à me filer un médicament, ça ne serait pas très malin. Je demandais à ce qu'on me porte ce dont j'avais besoin, souhaitant atténuer mes maux et posait mon regard sur Adriel, installé sur le canapé. Ne souhaitant pas nous plonger dans un silence pesant, je tentais d'alimenter la conversation. Ma curiosité parla à ma place, questionnant le jeune homme. Je m'étais laisser aller au tutoiement, jugeant qu'à présent il pouvait être de mise entre nous. Après tout, il prenait soin de moi et m'avait épargné une ennuyeuse conversation avec Ashton. Je me demandais si ça n'était pas trop difficile de vivre avec eux... Avec ces vampires ? Ces monstres ? J'étais à très loin de tout savoir sur lui, et pour moi comme pour les autres humains, il avait la même nature que nous. Lui ? Un vampire ? Il était trop doux, trop attentionné, pour l'être selon moi. J'avais des idées bien arrêtées, c'était peut-être là mon défaut. Il me confia ne pas être serein en leur compagnie, mais qu'il faisait avec. Si ce genre d'altercation arrivait fréquemment, j'admirais sa patience. Cet Ashton n'était qu'une brute démunie de cervelle. Je plaignais Adriel...
« Je m'excuse à nouveau, ne met pas ce qui s'est passé sur le dos d'Henry. » Je relevais le regard vers lui après avoir reprit ma place. Le fait qu'il me parle d'Henry me surprit un peu. Il insistait bien sur le fait qu'il n'était pas responsable de tout ça. J'acceptais, pensant instantanément que mon semblant de colère n'était pas tourné vers cet incident. Je haussais finalement les épaules, quand le bip de la porte se fit entendre. Le room service se permettait d'entrer comme ça ? La nourriture ? La trousse de soin ? Déjà ?!

Ah non... C'était Henry... Complètement pété à en voir son manque de discrétion. Il était dans un de ces états. Pour quelqu'un qui, peu de temps auparavant, demandait si le champagne avait bon goût, il était bien plus que joyeux ! Assister à ce petit spectacle commença par m'amuser. Mr. Fritzroy qui se mange une porte et lui roule presque une pelle, c'est forcément comique. Il s'en mettait de partout, et ne manqua pas de nous prendre pour des dépressifs. J'arquais légèrement les sourcils, et éloignait au possible mon poignet de lui. Il était bien capable de jouer avec vu son état. Adriel se leva et lui retira sa coupe. C'est dingue ! Un « gamin » de 19 balais qui s'occupe de leader de son groupe, comme une parfaite petite nourrice, si ce n'est maman. Ca n'était pas du goût d'Henry, et très vite mon léger sourire en recoin s'effaça. Il poussa le jeune bassiste, et ce dernier perdit l'équilibre. La coupe de champagne se brisa, le blessant au passage.
« Non mais ça ne va pas bien ?! » Ma voix venait de résonner dans la pièce. Je le fixais d'un air sévère. En y réfléchissant je ne sais pas si c'était une bonne idée. J'avais momentanément oublié à qui j'avais à faire. Il ne me prêta aucune attention et poussa une nouvelle fois le jeune homme. Je n'allais pas assister à cela sans rien faire, si bien que je repris aussitôt.
« Laissez-le bon sang ! » Henry se tourna vers moi, et s'approcha. Je le regardais avec de grands yeux, presque surprise, me demandant à quelle sauce j'allais être « mangée ». Il posa son index sur mes lèvres, et m'offrit la même réponse qu'à Adriel. Il m'imposa le silence, d'un « chut » murmuré dans un souffle chaud. Je n'osais plus bouger, il était si près de moi...

Du champagne, capable de nous mettre dans un état second. Je n'y crois pas. Cette boisson n'a jamais eu d'effet sur moi. Au contraire, c'est comme de l'eau ! Je n'en ai peut-être pas bu trois bouteilles comme lui. Le regard rivé sur ma main, je grimace, saigner est une chose tellement peu commune chez moi, ce liquide rouge ne m'attire pas. Au contraire, l'odeur qui s'en dégage emplit mes narines. Le dégout s'affiche sur mon visage. Du sang de vampire, immonde. Henry contraint la demoiselle au silence, tout comme moi. Avant de décrocher le téléphone. Une trousse de secours ? Une femme de ménage ? Du champagne ?! Non. Monsieur le chanteur divague un touuut petit peu là. Je n'ai pas bougé. Trop occupé à ruminer. Si seulement la soirée avait tourné autrement."Il se bat comme un chiffonnier devant tout le monde et vous êtes sous le charme !" Sous mon charme ? Un rire nerveux s'échappe de ma bouche. Comme si je faisais ça, pour ça ! C'est mal me connaitre. Le but premier était d'éviter à Henry un scandale, la presse en dit déjà trop à son sujet. Moi, c'est différent. Je ne suis pas le leader du groupe ! J'écoute vaguement la conversation entre Henry et la journaliste, pas très évoluée ! Le chanteur se rapproche de moi, m'agrippant par les épaules il me remet droit. "Fallait pas se prendre pour Linsey meeeeec." N'importe quoi. Je fronce les sourcils alors que celui-ci s'effondre sur moi me faisant à nouveau tomber. Idiot ! Réfléchit deux secondes Henry ! Réfléchit ! En un rien de temps, il récupère la trousse me secours, je soupire alors qu'il enlève les bouts de verres de ma main avant de bander celle-ci. La bande s'imprègne immédiatement du liquide rougeâtre. Henry me laisse, enfin. Je me relève, je ne parle pas. Si j'ouvre la bouche je risquerai de dire des paroles regrettables. Je ne me préoccupe plus du vampire bourré, la trousse de secours dans les mains j'en sors une bande. Avant de jeter la boite sur le sol. Les sourcils froncé je m'assoie à côté de Kristy, sans lui adresser mot. Je m'empare de son poignet délicatement, bandant celui-ci du mieux que je peux. Je ne suis pas secouriste ! Henry parle, toujours."Oh mais ! Qu’est c’que t’a toi ? " La phrase de trop ! Je me lève d'un bon adressant quelques mots à Kristy seulement.

"Je reviens..."

La porte claque, me voilà à présent dans le couloir. Je frappe dans un mur, un bruit sourd se fait entendre dans le couloir. Un trou. Ils répareront. Bandes d'imbéciles ! Quelques mètres plus loin, j'ouvre la porte de ma chambre. Qui claque une nouvelle fois. Le frigo, j'ouvre, en sort une bouteille de cette délicieuse boisson rouge ! Un coup au micro-onde et je pourrai enfin savourer cette merveille tant attendu. Le liquide rouge coule dans ma gorge. Un Hmmm de plaisir. Foutu soirée. Gâchée à cause d'un vampire ! A croire que nous sommes tous comme ça. J'enlève ma chemise la jetant sur le sol, pour enfiler un marcel blanc plus approprié à la suite de la soirée. Assis sur le canapé. Linsey débarque dans la chambre.

"Tes conneries m'ont couté cher !"

"Mes conneries ?!" Lançais-je sur un ton sévère. "Vous n'avez qu'à virer ce con d'Ashton, il y aurait moins de problème."

Sa main se pose sur ma joue froide. Je grimace de plus belle secouant la tête pour qu'elle arrête ses manières.

"Henry est bourré."

"Quoi ?! Et tu l'as laissé seul, avec cette journaliste ! Qui sait ce qu'il pourrait se passer ! Retournes-y allez ! "

J'avais dis que j'y retournerais de toutes manières. Je me lève n'adressant aucuns regard à Miss BCBG, je sors en trombe. Marchant d'un pas rapide pour faire ces quelques mètres. Eh puis merde ! Il ne va rien se passer. Henry n'est pas un fou furieux ! Je glisse la carte magnétique, un biiiip, j'ouvre la porte. A ma grande surprise, Henry essaye d'embrasser Kristy qui ne semble pas du même avis. Les mecs et leurs pulsions ! Bourré en plus, la soirée risque de tournée au cauchemar. Les choses ne se déroulent pas comme prévues finalement. Je me précipite, posant ma main sur l'épaule du chanteur, je le tire avec force en arrière.

"Henry ! Laisse là ! Putain !"

Si je ne m'en prend pas une après ça, c'est que j'aurai été chanceux sur ce coup là.

Mon regard était ancré dans celui d'Henry, l'espace de quelques secondes, jusqu'à ce qu'il décide de s'éloigner pour littéralement se jeter sur le téléphone. Voilà qu'il demandait une trousse à pharmacie -chose que j'avais déjà demandé-, accompagnée d'une femme de chambre et de deux bouteilles de champagne. Comme si nous allions le laisser en boire une seule gorgée de plus ! Il rêvait le petit Fitzroy ! Je n'avais pas le temps de lui en faire la moindre remarque, qu'il avait déjà raccroché et qu'il s'adressait à moi. Le sujet était tout autre, puisqu'il prétendait que j'étais soit disant attirée par les excès de violence, que cela me plaisait. Je fronçais légèrement les sourcils et le toisait de la tête aux pieds. Son état était des plus sérieux, il était comparable à une véritable éponge que l'on aurait abandonnée dans une flaque de champagne. Je soupirais et levais les yeux au ciel à sa suite.
« Oui, bien sûr ! Je suis littéralement sous son charme. Ca se voit, non ? D'ailleurs je pense me jeter sur lui d'ici quelques minutes et j'envisage de passer une nuit torride dans ses draps... Tsss ! » J'employais l'ironie et j'espérais que son cerveau soit encore suffisamment connecté à la réalité pour qu'il le perçoive et le saisisse. Il haussait le ton, s'exclamait et s'interrogeait, et moi je restais sans bouger devant lui. J'attendais qu'il termine son petit speech.
« Là ? Maintenant ? Tout de suite ? Vous me faites peur, Henry. » -répliquais-je d'une voix posée, peut-être trop calme. Je me rappelais ce que lui avait confié Adriel, et tentais de le reproduire. Demeuré serein en surface, alors que tout votre corps a envie d'exprimer la peur et la crainte. Pourtant, je le formulais à voix haute. Peut-être qu'ainsi il allait se calmer.

A présent, il était tout près de moi, étant revenu sur ses pas. Sa main sous mon menton, il me forçait à le regarder franchement, dans les yeux. Il affichait un sourire, qui ne me plaisait pas des masses. Il me faisait le reproche de ne pas être très avenante, alors que lui ne me voulait aucun mal. D'un geste vif je détournais la tête et lâchais un profond soupire. Il était un vampire, je n'aimais pas les vampires... On pouvait donc en conclure par A+B que je ne devais pas l'aimer. C'était logique, je n'avais pas à dévier de ce chemin. Lui, ne le comprenait pas. Ca devait lui faire bizarre de voir une femme rester de marbre face à lui. Je n'étais pas de celles qui fondait littéralement sur place dès qu'il battait des paupières. Il fallait qu'il s'y fasse.
Il s'occupa d'Adriel, le remettant sur pieds pour ensuite l'amener jusqu'au lit. La trousse à pharmacie arriva, en double exemplaires. La blessure d'Adriel fut nettoyée et bandée, puis le bassiste se dégagea de l'emprise de son ami pour venir me soigner. Il enveloppa avec délicatesse mon poignet, d'un épais bandage, qui le maintenait ainsi droit. Pendant ce temps là, Henry se releva et sembla fier , en me faisant remarquer qu'il n'avait pas bouffer la femme de chambre.
« Super ! Vous méritez une médaille peut-être ? » -lançais-je, sur un ton un peu mauvais. J'étais fatiguée, et je ne retenais plus mes mots. Ils pouvaient être blessants, je n'en avais pas tellement conscience. De toute façon, il paraissait trop occupé avec sa bouteille de champagne. Je déclinais le verre qu'il me proposait, et lançait un regard à Adriel. Il fallait l'arrêter... On ne pouvait pas l'assommer ? Le ligoter ? L'empêcher de boire tout simplement ?! Peut-être pas. Henry réclama mon aide pour allumer la chaine stéréo, alors qu'Adriel se dirigeait vers la porte. Il m'abandonnait ici, avec un vampire complètement soûl ? Il était sérieux là ?!

Bah visiblement oui. Je lançais donc un regard à Henry, maintenant seule avec lui, et m'exécutais en appuyant sur un bouton de la télécommande. Pour ne pas rester à ne rien faire, je tentais de ranger les quelques papiers d'emballages qui trainaient, et me levais pour aller les jeter. Henry jouait avec la télécommande, cherchant visiblement un titre en particulier. Je le laissais faire, sans un mot. Toute seule, je faisais moins la maline. Il m'impressionnait, et je le craignais. Surtout dans cet état. Qui sait ce qui aurait pu m'arriver ? D'un coup de folie, de ceux qui animent les êtres de son espèce, il aurait pu me tordre le cou, ou encore me vider de mon sang.
« Vous voulez bien arrêter de picoler ? » -demandais-je doucement, en m'appuyant contre l'encadrement de la porte de la salle de bain. Il tourna la tête vers moi, et me lança un regard assez... indescriptible. Je restais sérieuse, essayant de ne pas baisser les yeux. C'était difficile. Il s'avança jusqu'à moi, et se stoppa à quelques centimètres à peine. Il était près... Trop près... Le silence fut total durant quelques instants. Je pouvais entendre ma propre respiration, qui se calquait inconsciemment sur la sienne. Son souffle chaud, aux arômes de champagne, caressa mon visage alors qu'il se rapprochait de moi. Je ne pu que dévier, en faisant un pas sur le côté, pour ensuite filer un peu plus loin. Je ne l'avais pas vu venir celle-la ! Ce ne sembla pas le décourager. Il revint à la charge, et tenta une nouvelle fois de m'embrasser.
« Henry... S'il vous plait... Non... » De ma main valide, j'essayais de le repousser. Mais il était bien trop fort et insistant.

C'est alors qu'une voix se fit entendre, et cela me soulagea instantanément. Adriel était de retour. Il en avait mis du temps, non mais oh ! Je lui adressais un regard plein de sous-entendus par-dessus l'épaule d'Henry, alors que ce dernier grognait légèrement. Adriel le tira en arrière avec force, me libérant de son emprise.
« Merci... Je pense que je vais m'en aller... Il faut vous occuper de lui. »

Je n'eu pas le temps de réagir. Henry fit un bon en arrière de plusieurs mètres. Sa vitesse foudroyante venait d'être utilisée, devant une humaine. Peu habituel. Mon regard s'arrêta sur Kristy, aussi surprise que moi. "Merci... Je pense que je vais m'en aller... Il faut vous occuper de lui." Judicieux. S'occuper de lui. Je n'y arriverai pas ! Têtu comme il est, il risque de réduire la chambre en miette. Une voix enfantine s'échappa de la bouche de notre chanteur, je le dévisage longuement, ne comprenant pas cette mine boudeuse. Ah, l'alcool peut faire des ravages sur certains hommes ! Comme par réflexe ma main se posa sur son bras alors qu'il s'approchait de la jeune femme. Il en a assez fait pour ce voir Mr Fitzroy. "TOI-LACHES-MOI !" Le ton de sa voix me força à lâcher prise, les sourcils froncés j'écoutais le discours qu'il lui servait. N'importe quoi. Henry se précipita en un quart de seconde vers la salle de bain. J'interroge la jeune femme du regard. Ah... ce petit effet contraignant m'avait échappé. Les vomissement liés à une ingestion d'alcool trop élevé. Ma main se plaque sur mon front, je secoue la tête mollement. Plus jamais ça ! Ce genre de soirée, non merci. Il était censée y avoir un concert, une fête, rien d'autre. Pas tout ce remue ménage. Je me mords la lèvre gêné des bruits qui proviennent de la salle de bain, avant de dire à Kristy.

"Je ... vais voir... Enfin, pour l'aider ..."

A pas lents je me dirige vers Henry, j'entre, le voir affalé comme ça sur la cuvette des toilettes... Ce n'est pas très glorieux mon cher Henry ! On fait tous des erreurs malheureusement. Je m'approche, murmurant un "Ca va ?", le vampire essaye de me pousser à l'aide d'une de ses mains sans même regarder la trajectoire à prendre. Je ne peux empêcher un rire, j'étouffe celui-ci tant bien que mal alors que monsieur rigole. Comme un idiot. Qu'est ce qui lui prend ! Et qu'est ce que je suis censé faire ! Les vampires ne se soignent pas comme ça. Je le soulève du mieux que je peux, le faisant s'appuyer sur moi.

"Allez, mets y tu tiens un peu ! T'es pas aussi léger qu'une fille !"

Le chanteur ricane bêtement, titubant au fur et à mesure que nous quittons la salle du massacre. Quelle odeur infecte ! Kristy n'est pas partie. Bizarre. J'avance lui lançant un regard intrigué. Ah, le lit ! Sauvé ! Je pose Henry sur celui-ci qui tombe en arrière dans un bruit sourd. Tu t'es mis dans un sale état mon ami. Une fois le dieu de la scène couché, je rejoins Kristy. Ma main se pose sur son épaule comme pour la rassurée, je lui adresse d'une voix douce.

"Il se fait tard, tu devrais rentrez. Ça ne sert à rien de s'en faire pour lui. "

Un sourire de ma part, j'attrape l'objet métallique dans ma poche et compose un numéro."Ouais ... Il faudrait une voiture pour Mademoiselle Nelson, qu'on la ramène en vie chez elle. Non pas de taxis non. J'ai dis en vie ! ... Tout de suite, pas dans une heure Linsey ! ... Oké." Je raccroche, adressant un sourire aimable à la jeune femme.

"Notre Chauffeur personnel va te rammener"

Finis les politesses, je rejoins Henry adressant un ultime regard à la journaliste. Allez mon gros, il est temps de retrouver tes esprits ! Dure journée qui nous attend.

Certes, Henry ne voulait pas. Mais moi, j'avais envie de rentrer. J'en avais besoin. Je rêvais de m'écrouler dans mon grand lit, pour récupérer quelques heures de sommeil. Si je voulais pouvoir tenir le coup demain pour cette longue journée qui m'attendait. J'allais devoir prévenir mon patron, et passer une majeure partie de mon temps à l'hôpital. Mon poignet allait être malmener encore un moment, à mon plus grand malheur et désespoir. Je me devais de rentrer. Et je n'étais pas la seule à avoir besoin de filer sous les draps. Henry était bien mal en point. Il se montrait assez agressif envers Adriel, ce qui me dérangeait. Après tout, le jeune homme se montrait plutôt bienveillant depuis le début de la soirée, non ? Personnellement je le percevais ainsi. Il tentait de limiter la casse et les bêtises. Son statut d'humain lui faisait prendre de sacrés risques en plus de ça. Henry aurait pu se montrer plus gentil. Néanmoins, il me présentait ses excuses, agrémentant le tout par un compliment. C'était déjà ça ! Je haussais les épaules, lui faisant comprendre que ça n'était pas grave. Je préférais mettre tout cela sur le compte de l'alcool, plutôt que de me braquer et d'exceller dans le rôle de la coincée de service. Je n'avais pas à faire de scandale pour si peu, surtout que je jugeais que la soirée en avait suffisamment connue. Bagarre, scandale, alcool, bousculades... Nous en avions eu assez !

Je n'eus même pas le temps de lui répondre quoique ce soit. Henry venait de filer à toute vitesse dans la salle de bain, et au son je devinais qu'il était malade. C'était inévitable vu son état. Embrassez une porte, écroulez vous sur quelqu'un en tentant de l'aider, louchez devant la chaine hifi, et continuez tout de même à boire... Très vite vous ressemblerez à Mr. Fitzroy ! Je gardais tout ça dans un coin de ma tête, jurant silencieusement que je n'en ferais pas le récit dans un de mes article. Je respectais tout de même les gens, surtout ceux qui à leur manière ne me voulaient aucun mal. Je grimaçais légèrement en imaginant Henry au-dessus de la cuvette, et sentit alors la main d'Adriel se poser sur mon épaule.
« Il se fait tard, tu devrais rentrez. Ça ne sert à rien de s'en faire pour lui. » M'en faire ? Je ne sais pas vraiment si je m'en faisais en réalité. J'avais plus pitié ? J'espérais pour lui que demain serait démuni de souvenirs de cette soirée et qu'il ne toucherait plus au champagne à l'avenir. Je rendis son sourire au bassiste des MysticDolls, et acquiesçais d'un signe de tête. Dans un nouvel élan de gentillesse, il s'empara de son téléphone et demanda à ce qu'on me fasse appel à un chauffeur pour me reconduire chez moi. Je soupirais doucement, un peu amusée et gênée, et attendis qu'il raccroche pour répliquer :
« Ca n'était pas la peine... J'aurais pu appeler un taxi, ou prendre le métro. » Non, non... J'avais droit à leur chauffeur personnel. Grande classe ! Henry était toujours mal en point, et je compris très bien qu'Adriel m'abandonne pour le retrouver et l'aider. Je lui fis un petit signe. S'éclipser fut facile et rapide. Après un court trajet dans une voiture de grand standing, je passais le seuil de mon appartement.